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La rupture de la trêve entre Ankara et les combattants rebelles du PKK fait craindre le pire à la communauté kurde de Turquie. Reportage dans les zones d'affrontement.
Au nom de la lutte contre le terrorisme, la Turquie bombarde, depuis le 24 juillet, les positions de l'organisation de l’État islamique (EI) en Syrie, mais aussi sur la rébellion kurde du PKK. La trêve entre Ankara et la guérilla est rompue, le processus de paix est suspendu de facto et la communauté kurde craint le pire pour l'avenir.
L’envoyée spéciale de France 24 Fatma Kizilboga s’est rendue dans les villages kurdes situés dans les zones d'affrontement près de la frontière, où les langues commencent à se délier. Sur place, les habitants critiquent le gouvernement turc mais également la stratégie de la rébellion du PKK.
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Ainsi, dans le village de Mermer, dans la province à majorité kurde de Diyarbakir du sud-est de la Turquie, le débat fait rage dans la cour de la mosquée. Depuis une semaine, les combats qui ont repris entre l'armée turque et la guérilla kurde du PKK sont au cœur de toutes les discussions.
"Évidemment ça serait bien que le PKK dépose les armes, et c'est tout ce que nous souhaitons. Mais il faut que le Parlement prenne des décisions. Parce que la population est la seule à souffrir de leurs désaccords. Nous entretuer ne nous mènera nulle part", confie Mehmet Yilmaz, un ancien du village.
Gourvernement turc et PKK renvoyés dos-à-dos
Si ces certains reprochent au PKK la reprise des violences, c'est surtout la politique du gouvernement qui est critiquée. "Ce qui se passe est horrible, ce ne sont pas les enfants des gens qui nous dirigent qui meurent. Leurs enfants à eux ne font même pas leur service militaire, peste Mehmet Ok, un habitant de Mermer. Ce sont les enfants des gens pauvres qui le font. S'ils savaient la souffrance que provoque la perte d'un enfant, croyez-moi, eux aussi voudraient la paix".
Même son de cloche à quelques kilomètres de là, dans le village de Kocaköy, entouré par les positions du PKK, qui compte au total entre 3 000 à 5 000 combattants, selon l'Institut international des études stratégiques (IISS) de Londres. Ici, chaque famille possède au moins un de ses enfants engagé dans les rangs de la rébellion. Mais pour certains, la lutte armée n'est plus la solution au problème kurde.
"Il faut que les négociations se poursuivent avec Abdullah Öcalan [le fondateur du PKK qui purge une peine de prison à vie sur une île-prison du nord-ouest de la Turquie, NDLR] pour qu'il demande au PKK de déposer les armes, affirme Abdurrahim Asan. C'est la seule façon d'y arriver, car les Kurdes ne veulent plus d'un groupe armé".
Obtenir une paix durable pour éviter aux générations futures de prendre à leur tour les armes, c'est ce que souhaitent les Kurdes, qui craignent la reprise d'un conflit qui a déjà coûté la vie à plus de 40 000 personnes en Turquie.