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Attendu à Téhéran mercredi, Laurent Fabius est critiqué par les ultraconservateurs pour son rôle dans l’affaire du sang contaminé. En Iran, dans les années 1980, près de 300 patients ont reçu des lots contaminés vendus par un laboratoire français.

Après avoir fait l’objet d’attaques pour sa ligne dure pendant les négociations sur le nucléaire, le ministre français des Affaires étrangères se retrouve une nouvelle fois dans le collimateur des ultraconservateurs iraniens. Sa visite prévue mercredi 29 juillet à Téhéran fait des remous en Iran, où des médias conservateurs ont rappelé son implication dans l’affaire du sang contaminé.

D’après le ministère iranien de la Santé, dans les années 1980, quelque 300 hémophiles iraniens ont inoculé le virus du Sida après des transfusions de produits sanguins importés par une société française en Iran.

Innocenté en France, considéré comme coupable en Iran

"Laurent Fabius est un nom familier pour les Iraniens. Son nom n’est pas seulement lié aux négociations de ces deux dernières années et le fait qu’il ait mis des bâtons dans les roues lors de ces discussions (…), il reste associé à l'époque où il était Premier ministre", rappelle le site ultra-conservateur Jahan News qui affirme que le premier cas de patients atteints du Sida en Iran a été enregistré après l’affaire du sang contaminé.

En France, entre 1983 et 1985, le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) a sciemment distribué des produits sanguins contaminés par le VIH provoquant la mort de plusieurs centaines d'hémophiles. L'affaire avait conduit à plusieurs procès, dont celui de Laurent Fabius. Premier ministre au moment du scandale, il avait été innocenté en 1999.

En Iran, malgré le procès et la relaxe de Laurent Fabius, l’affaire ne passe pas. Après le 22 novembre 1984, date à laquelle la dangerosité des lots de sangs contaminés avait été reconnue par l'État français, les laboratoires Mérieux sont soupçonnés d’avoir continué à écouler des produits contaminés à l’étranger, dans plusieurs pays dont l’Iran mais aussi l’Irak, la Libye ou l’Argentine fin 1985.

Des excuses attendues

Jahan News déplore que Laurent Fabius ne se soit jamais excusé pour ce scandale, et regrette que la France n’ait pas proposé d’offrir des compensations aux malades iraniens. Toutefois, d’après l’un des avocats des victimes, qui s’est exprimé sur le site conservateur Mehr News, le gouvernement iranien n’a jamais porté plainte.

Sur certains sites, les critiques se font d’autant plus virulentes qu’elles s’accompagnent de caricatures du ministre français les mains tâchées de sang contaminé et portant l’étoile de David. Laurent Fabius est régulièrement accusé par les conservateurs iraniens d’avoir soutenu les positions israéliennes et saoudiennes au moment des négociations sur le dossier nucléaire.

Hasard du calendrier, la visite de Laurent Fabius mercredi en Iran tombe en pleine semaine nationale de soutien aux hémophiles. Invité par son homologue iranien Mohammad Javad Zarif, il doit également rencontrer le président Hassan Rohani.

La signature de l’accord sur le nucléaire le 14 juillet à Vienne a ouvert de nouvelles perspectives économiques pour les Occidentaux sur le marché iranien, mais pour le ministre français, l’opération séduction auprès des entreprises iraniennes risque de se compliquer avec ces nouvelles accusations qui ternissent l’image de la France déjà largement écornée en Iran.