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Fastidiosa, la bactérie tueuse d’oliviers, identifiée dans le sud de la Corse

La pire ennemie des oléiculteurs corses est devenue réalité. La bactérie tueuse d'oliviers Xylella Fastidiosa a débarqué d'Italie. Sa présence a été détectée dans le sud de l'île de Beauté.

Les oléiculteurs (cultivateurs d’oliviers) corses la redoutaient et la voilà : la bactérie tueuse d'oliviers Xylella Fastidiosa, qui ravage depuis 2013 les arbres pluriséculaires des Pouilles italiennes, vient d'être identifiée sur l'île de Beauté. Sa présence a été relevée sur des feuilles de myrte, dans une haie en bordure d’une zone commerciale.

Ce premier cas avéré de présence de cette bactérie dans la nature, annoncé par la Préfecture, a été détecté à Propriano (Corse-du-Sud) et ne concerne pas à ce stade les oliviers ni aucune culture commerciale.

La Fastidiosa, présente dans le sud de l'Italie depuis deux ans, n’avait jusqu'à présent été détectée qu’une seule fois en France, mi-avril 2015 au marché de gros de Rungis en région parisienne, sur un plant de caféier ornemental en provenance d'Amérique centrale et aussitôt isolé.

En pleine nature

Mais cette fois, circonstance aggravante, la bactérie qui se transmet par un insecte volant, et donc potentiellement voyageur, a été découverte en pleine nature. Alors qu'aucun moyen de lutte n'existe autre que la destruction des végétaux infectés, les agriculteurs corses, qui ont relancé dans les années 80 la production d'huile d'olive et de vins de qualité, redoutaient tout particulièrement de la voir arriver sur leurs terres, tellement proches de la péninsule italienne.

Depuis le mois de mars, la préfecture de Corse avait lancé un appel à la vigilance car la Xylella Fastidiosa menace en réalité tout le verger méditerranéen et quelque 200 espèces de végétaux. Les autorités ont donc renforcé les mesures de contrôle et de surveillance, tout en appelant la population à lui signaler symptômes ou suspicions évoquant la présence de la Xylella Fastidiosa sur les espèces cibles (oliviers, pêchers, amandiers, vignes, entre autres).

Dans le cadre de ces contrôles, des prélèvements sont régulièrement effectués, restés négatifs jusqu'à ce que celui du 20 juillet, à Propriano, soit déclaré positif. Réalisé par la fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles (Fredon), il a été transmis au laboratoire de référence de l'Agence nationale de sécurité sanitaire
de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) et s'est révélé aujourd'hui positif, indique la préfecture.

Arrachage, désinsectisation, enquête épidémiologique

Le préfet de Corse-du-Sud a immédiatement demandé à ce que les premières mesures du plan d'urgence soient mises en œuvre, dont l'arrachage des plantes concernées, la désinsectisation de la zone et la conduite d'une enquête épidémiologique, indique-t-il sur le site de la préfecture.

Le ministère de l'Agriculture a annoncé en fin de journée dans un communiqué des mesures d'éradication : les végétaux sensibles vont être rapidement arrachés dans un rayon de 100 mètres autour du foyer de l'infection. Aucune plante ou arbre ne pourra sortir de cette zone. Même restriction dans une zone tampon de 10 kilomètres de rayon, sauf autorisation expresse, précise le ministère.

La proximité de la Corse avec les côtes italiennes, et l'inquiétude du Languedoc-Roussillon, grande région fruiticole du sud de la France, avaient conduit la France à suspendre unilatéralement les importations de produits frais en provenance des zones infestées, provoquant la colère des Italiens.

De son côté, l'Union européenne, tout en renonçant à toute forme d'embargo, a adopté fin avril un dispositif renforcé pour endiguer la propagation de la maladie, jugeant la menace suffisamment sérieuse pour l'agriculture.

Avec AFP