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Nucléaire iranien : une rencontre cruciale entre Iraniens et Européens à Istanbul
Une délégation iranienne a retrouvé, vendredi, à Istanbul des émissaires français, britanniques et allemands pour relancer les négociations sur le nucléaire iranien. Il s'agit de leur première rencontre diplomatique depuis les frappes israélo-américaines de juin. L'Iran cherche à éviter le retour des sanctions européennes d'ici l'automne. 
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à Istanbul, le 22 juin 2025 © OZAN KOSE / AFP/Archives

La diplomatie reprend entre Iraniens et Européens. Des négociations ont lieu, vendredi 25 juillet, à Istanbul entre une délégation iranienne et des émissaires français, britanniques et allemands sur le programme nucléaire iranien, à l'heure où les trois puissances européennes menacent de rétablir les sanctions contre Téhéran.

Cette réunion est la première depuis l'attaque israélienne contre l'Iran à la mi-juin, qui a visé des sites nucléaires et militaires clés et déclenché une guerre de 12 jours.

Nucléaire iranien : une rencontre cruciale entre Iraniens et Européens à Istanbul
© Guillermo Rivas Pacheco, Julie Pereira, AFP

Les États-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en frappant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont, avec les États-Unis, la Chine et la Russie, membres d'un accord sur le nucléaire conclu avec l'Iran en 2015 qui prévoyait d'importantes restrictions au programme nucléaire iranien en échange d'une levée progressive des sanctions de l'ONU.

Mais en 2018, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de ce texte et ont réimposé leurs sanctions lors du premier mandat de Donald Trump.

Paris, Londres et Berlin avaient assuré leur attachement à l'accord de 2015, disant vouloir poursuivre les échanges commerciaux avec l'Iran. Les sanctions onusiennes et européennes n'ont donc pas été rétablies.

Menace de nouvelles sanctions européennes

Les trois pays accusent Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements et menacent de rétablir des sanctions en vertu d'une clause prévue par l'accord qui expire en octobre, ce que l'Iran cherche à éviter à tout prix.

Vendredi matin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, a estimé que la rencontre en Turquie constituait "un test de réalisme pour les Européens et une occasion précieuse de corriger leurs points de vue sur la question nucléaire iranienne", selon l'agence de presse officielle Irna.

Une fenêtre de négociations jusqu'à l'automne

Une source européenne a indiqué que "l'inaction des E3 (Allemagne, France, Royaume-Uni) n'est pas une option" face à l'Iran, prévenant que Téhéran serait informé lors de la réunion que la fenêtre pour un retour à la normale se refermerait à l'automne.

Nucléaire iranien : une rencontre cruciale entre Iraniens et Européens à Istanbul
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, lors d'une réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs de l'AIEA au siège de l'organisation à Vienne, en Autriche, le 23 juin 2025. © Joe Klamar, AFP

Les Européens se préparent à déclencher le mécanisme de rétablissement des sanctions "en l'absence de solution négociée", a-t-elle ajouté, appelant l'Iran à reprendre sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie nucléaire (AIEA).

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, qui doit participer aux pourparlers d'Istanbul, a qualifié mardi de "totalement illégal" un recours à ce mécanisme dit "snapback", affirmant que les puissances européennes avaient "mis fin à leurs engagements" après le retrait des États-Unis de l'accord en 2018. "Nous les avons avertis des risques, mais nous cherchons toujours un terrain d'entente", a-t-il ajouté.

Mais l'Iran veut éviter un tel scénario qui accentuerait son isolement international et alourdirait encore la pression sur son économie déjà fragilisée par les sanctions.

Il estime toutefois que l'AIEA a une part de responsabilité dans le déclenchement des frappes israéliennes et américaines et avait officiellement suspendu toute coopération avec elle début juillet.

Une équipe technique de l'AIEA prochainement en Iran ?

Cette décision a provoqué la colère d'Israël qui a appelé les trois pays européens à "rétablir toutes les sanctions contre l'Iran".

Après la guerre, l'Iran a réaffirmé qu'il ne renoncerait pas à son programme nucléaire, qualifié par le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi de "fierté nationale".

"Il était important qu'ils (les Européens) sachent que les positions de l'Iran demeurent inébranlables et que notre enrichissement se poursuivra", a-t-il encore souligné jeudi.

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© Tupac Pointu, Sabrina Blanchard, AFP

Les inspecteurs de l'AIEA ont depuis quitté le pays, mais une équipe technique devrait revenir prochainement après que l'Iran a déclaré que la future coopération prendrait une "nouvelle forme".

Abbas Araghchi a souligné que l'enrichissement était actuellement "à l'arrêt" en raison des dommages "graves et sévères" causés aux installations nucléaires par les frappes américaines et israéliennes.

Avec AFP