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En RD Congo, l'ancien président Joseph Kabila jugé pour "crimes contre la paix"
L'ex-chef de l'État congolais Joseph Kabila est jugé à partir de vendredi par la Haute cour militaire de son pays, accusé de complicité avec le M23, groupe armé soutenu par le Rwanda. Des faits passibles de la peine de mort.
L'ancien président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila dans l'une de ses résidences à Goma, le 29 mai 2025. © Jospin Mwisha, AFP

L'ancien président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila, opposant déclaré au gouvernement actuel, est jugé par la Haute cour militaire du pays à partir de vendredi 25 juillet pour "crimes contre la paix". Il est accusé de complicité avec le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda.

Joseph Kabila, qui vit à l'étranger depuis plus de deux ans même s'il a récemment été vu dans l'est du pays, ne devrait pas être présent à l'ouverture de son procès. Il est poursuivi pour "participation à un mouvement insurrectionnel, crime contre la paix et la sécurité de l'humanité, homicide intentionnel par balles, trahison, apologie, viol, torture et déportation, occupation à force ouverte de la ville de Goma", selon l'acte d'accusation.

Ces faits sont passibles de la peine de mort en République démocratique du Congo, où un moratoire sur l'exécution de la peine capitale en vigueur depuis 2003 a été levé en 2024 – aucune exécution n'ayant cependant eu lieu depuis.

Conversation téléphonique

Fils de Laurent-Désiré Kabila, rebelle ayant fait tomber le dictateur Mobutu Sese Seko, Joseph Kabila, 54 ans, avait hérité du pouvoir en 2001 après l'assassinat de son père. Il avait dirigé la République démocratique du Congo jusqu'en 2019, et est resté très discret après son départ du pouvoir. La coalition politique qu'il formait avec son successeur Félix Tshisekedi avait éclaté au bout de deux ans.

En avril, l'ex-ministre de la Justice Constant Mutamba avait saisi la justice militaire afin d'engager des poursuites contre Joseph Kabila "pour sa participation directe" au M23.

Le procureur général de l'armée avait déposé une requête en levée de son immunité auprès du Sénat, qui l'avait approuvée par 88 voix contre cinq et avait autorisé les poursuites. Joseph Kabila bénéficiait de cette immunité en tant qu'ancien chef de l'État et sénateur à vie.

Un des principaux éléments exposés par le procureur est un témoignage qui attesterait que Joseph Kabila a tenu une conversation téléphonique avec un haut responsable du M23 au sujet d'un plan orchestré par le Rwanda visant à assassiner le président Tshisekedi.

D'après ce témoignage, Joseph Kabila aurait déconseillé la mise en œuvre d'une telle machination qui aboutirait à ériger Félix Tshisekedi en "martyr". Il aurait affirmé qu'un coup d'État militaire était préférable.

Dans une rare allocution transmise en ligne le 23 mai, après la levée de son immunité, l'ancien dirigeant avait dénoncé la "dictature" du gouvernement Tshisekedi, et fustigé une justice n'étant plus selon lui "qu'un instrument d'oppression d'une dictature qui tente désespérément de survivre".

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"Même objectif"

Joseph Kabila, qui avait quitté le pays fin 2023, a regagné en mai Goma, grande ville de l'est du pays contrôlée par le groupe armé M23 et des milices congolaises.

L'Est congolais, région riche en ressources naturelles frontalière du Rwanda, est déchiré par des conflits depuis 30 ans. Les violences se sont intensifiées ces derniers mois avec la prise de contrôle par le M23 de Goma et Bukavu, capitales des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Le 19 juillet au Qatar, le M23 et le gouvernement de Kinshasa ont signé une déclaration de principe pour un "cessez-le-feu" permanent dans cette partie du pays. Mais jeudi, au moins onze personnes ont été tuées dans des combats entre le M23 et des milices pro-Kinshasa dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu, selon des sources locales.

L'accord signé à Doha a été salué par la communauté internationale comme une "avancée" vers un accord de paix global dans l'est de la République démocratique du Congo. Mais de précédents accords de paix et cessez-le-feu ont été violés ces dernières années.

Le Rwanda nie soutenir militairement le M23. Mais début juillet, des experts de l'ONU ont pointé le "rôle déterminant" joué par son armée dans l'offensive du M23 de janvier et février.

Selon un proche de Joseph Kabila ayant parlé à l'AFP, aucune alliance formelle n'a été conclue entre l'ancien président Kabila et le M23, mais ils partagent un "même objectif" : mettre fin au régime de Félix Tshisekedi.

Avec AFP