
Des Palestiniens, principalement des enfants, se bousculent pour recevoir un repas chaud dans une cuisine opérée par une organisation de charité locale à Al-Mawassi, dans le sud de la bande de Gaza, le 22 juillet 2025. © AFP
Alors que la pression internationale s'intensifie pour mettre fin à la guerre et aux souffrances des plus de deux millions de Palestiniens de Gaza, l'émissaire américain Steve Witkoff a acté, jeudi 24 juillet, l'échec des pourparlers menés à Doha en vue d'un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne. Il met en cause la bonne foi du Hamas, en guerre contre Israël depuis plus de 21 mois.
Le président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi que la France reconnaîtrait l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York. Dans le même élan, un "entretien d'urgence" entre Paris, Londres et Berlin sur la situation à Gaza est prévu vendredi, a indiqué le Premier ministre britannique Keir Starmer, réaffirmant le "droit inaliénable du peuple palestinien" à un Etat.
Peu avant, Israël a annoncé le rappel pour consultation de ses négociateurs, engagés dans des pourparlers indirects avec le Hamas au Qatar. "Nous agissons pour obtenir un nouvel accord afin de libérer nos otages. Mais si le Hamas considère notre intention d'y parvenir comme une faiblesse, comme une opportunité pour nous imposer des conditions de reddition qui mettraient en danger l'État d'Israël, il se trompe lourdement", a déclaré jeudi le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Steve Witkoff a également indiqué le retrait de l'équipe américaine "pour consultation après la dernière réponse du Hamas, qui montre clairement un manque de volonté de parvenir à un cessez-le-feu à Gaza". Il a ajouté que les États-Unis et leurs partenaires allaient "désormais envisager d'autres options pour ramener les otages chez eux et tenter de créer un environnement plus stable pour la population de Gaza".
Ces otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre.
"Les enfants tombent en marchant par manque de nourriture"
Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent à Gaza, où au moins 40 personnes ont été tuées jeudi, selon la Défense civile locale.

En Israël, le Forum des familles d'otages, principale association de proches des captifs retenus à Gaza, a fait part de sa "vive inquiétude", estimant que "chaque jour qui passe réduit les chances de sauver les otages".
Selon une source palestinienne, la réponse du Hamas comprend des amendements proposés aux clauses sur l'entrée de l'aide humanitaire, des cartes des zones de Gaza d'où l'armée israélienne devrait se retirer, ainsi que des garanties sur la fin de la guerre. Israël refuse de donner des garanties sur un cessez-le-feu permanent.
Début mars, Israël a imposé un blocus total sur Gaza, très partiellement assoupli fin mai, entraînant de graves pénuries de nourriture, médicaments et carburant.
Youssef Hassouna, journaliste vidéo de l'AFP habitant la ville de Gaza, raconte qu'"il est extrêmement difficile d'obtenir de la nourriture" et de l'eau pour lui et sa famille. "Les enfants tombent en marchant par manque de nourriture", relate une autre vidéaste de l'AFP, Salma al-Qaddoumi, évoquant ses trois neveux âgés de 4 à 12 ans.

Les agences de presse AFP, AP et Reuters, ainsi que la BBC, ont appelé Israël à "autoriser l'entrée et la sortie des journalistes à Gaza", se disant "profondément inquiets du fait que, désormais, la faim menace leur survie".
Selon le patron de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, une "grande proportion" de la population à Gaza "meurt de faim".

"Il n'y a pas de famine causée par Israël", a affirmé de son côté le gouvernement israélien, accusant le Hamas d'empêcher la distribution de l'aide et de la piller. Le Hamas rejette ces accusations.
Les agences humanitaires soulignent que les autorisations accordées par Israël sont limitées et que la coordination pour acheminer les camions constitue un défi majeur en zone de guerre.
Jeudi, les autorités israéliennes ont indiqué qu'environ 70 camions d'aide avaient été déchargés la veille aux points de passage et que plus de 150 "avaient déjà été récupérés par l'ONU et des organisations internationales à Gaza".

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée. À Gaza, les représailles israéliennes ont fait 59 587 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Avec AFP
