
Les Américains refusent de livrer des armes au Nigeria pour l'aider à lutter contre Boko Haram car le pays fait l'objet d’accusations de violations des droits de l'Homme. Une décision vivement critiquée par le président nigérian.
Lors de sa première visite à Washington depuis le début de son mandat, le président nigérian, Muhammadu Buhari, a été chaleureusement accueilli mercredi 22 juillet. L'ancien général, âgé de 72 ans, est pourtant reparti des États-Unis sans avoir obtenu ce qu’il était venu chercher : l’assistance militaire pour lutter contre les islamistes de Boko Haram.
Le refus des Américains de fournir des armes aux troupes nigérianes en raison "de soi-disant violations des droits de l'Homme" ne fait que profiter à Boko Haram, a-t-il vivement regretté, lors de sa visite.
L'administration américaine, soucieuse de combattre les jihadistes affiliés à l’organisation de l’État islamique, ne peut légalement pas promettre grand chose au Nigeria. Selon une loi datée de 1997, il n’est en effet pas en mesure d’aider militairement un pays accusé de violations des droits de l'Homme. Or, des ONG ont à plusieurs reprises dénoncé les exactions commises par les militaires nigérians.
"De manière regrettable, sous couvert de cette loi et en raison d'affirmations non fondées de violations des droits de l'Homme par nos troupes, nous ne pouvons pas avoir accès aux armes stratégiques appropriées pour mener cette guerre", a déclaré M. Buhari lors d'une allocution devant des élus et des militants à Washington.
Promesse d’enquêtes
Les forces de sécurité nigérianes sont "largement impuissantes" face à la campagne d'enlèvements et d'attentats suicides de Boko Haram, a-t-il poursuivi.
Le chef d’État a ainsi exhorté la Maison blanche et le Congrès à trouver un moyen de contourner cette loi introduite en 1997. Cependant, Muhammadu Buhari a tout de même accepté de lâcher du terrain : il a remplacé nombre d'anciens commandants militaires et a promis de lancer des enquêtes sur ces accusations.
Muhammadu Buhari avait déjà dirigé le pays entre 1983 et 1985 à l'époque des dictatures militaires. Il est revenu au pouvoir en 2015 avec une priorité : la lutte contre les insurgés islamistes de Boko Haram.
Au Nigeria, l'insurrection islamiste et sa répression par les forces nigérianes ont fait plus de 15 000 morts et 1,5 million de déplacés depuis 2009.
Depuis sa prise de fonction le 29 mai dernier, le pays fait face à une vague de violences : plus de 660 personnes ont péri au Nigeria en un mois et demi. Le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins ont aussi été frappés par des attaques de Boko Haram.
Avec AFP