Le 30 juin a été brandi comme épouvantail sur la question de la dette grecque. Athènes doit verser ce mardi 1,6 milliard d'euros au FMI - ce qui n'arrivera vraisemblablement pas. Les conséquences pour la Grèce ne sont pas pour autant immédiates.
C'est l'ultime proposition. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a contacté Athènes pour soumettre une issue de dernière minute à la crise de la dette grecque. Car c'est mardi soir, à minuit le 30 juin, qu'expire le délai pour la Grèce pour rembourser 1,6 milliards d’euros au Fonds monétaire international (FMI).
Sauf coup de théâtre, le Premier ministre grec Alexis Tsipras ne devrait pas donner suite à l'offre de Juncker, et Athènes ne sera pas en mesure de solder sa dette envers le FMI. Ce qui, malgré toute l'agitation autour de cette date, ne changera pas grand chose dans la nuit de mardi à mercredi.
Le FMI devrait rapidement prendre acte du fait que la Grèce n'a pas honoré sa dette. Techniquement, c'est un défaut de paiement, mais l'institution de Christine Lagarde préfère parler d'"arriéré". Comme seul effet immédiat, le pays concerné n'a plus accès aux ressources du FMI.
"Ce soir, la Grèce devrait normalement rembourser le FMI", a déclaré mardi le ministre des Finances français Michel Sapin sur France 2. "Je ne sais pas si elle le fera ou si elle ne le fera pas mais c'est sans grande conséquence."
Car c'est seulement un mois plus tard que le Fonds enclenche officiellement une procédure d'"incident de paiement". Donc pour Athènes, le 30 juillet. Un nouveau sursis qui "permettrait de prolonger les négociations avec la Grèce et d'éviter la faillite complète du pays", commente Claire Bonnichon, journaliste économique à France 24.
La Grèce serait le premier pays industrialisé à se retrouver dans cette situation. Elle risque à terme de perdre ses droits de vote au FMI, voire l'exclusion, mais aucun pays n'en est jamais arrivé là. Et, rappelle Claire Bonnichon, "le FMI est un créancier plutôt conciliant, il offre plusieurs possibilités d'aménagement des remboursements" pendant que court la procédure d'impayés.
Rembourser la BCE aussi
Une date butoir plus menaçante se profile au 20 juillet : la Grèce doit à cette date rembourser 3,5 milliards d'euros à la Banque centrale européenne (BCE). Là, les conséquences sont plus drastiques : en cas de défaut de paiement, la BCE cessera de soutenir les banques grecques, qui entraîneront dans leur chute l'économie du pays.
Mais d'ici là, Athènes aura fait face à une autre échéance, politique cette fois. Dimanche prochain, le 5 juillet, les Grecs sont appelés à se prononcer par référendum sur les propositions des créanciers du pays (FMI, UE et Banque mondiale). Une initiative d'Alexis Tsipras, prise par les créanciers comme un départ de la table des négociations.
Soit les Grecs disent "oui" aux conditions données par l'UE et le FMI pour prolonger le programme d'aide européen, et la BCE ouvrira le robinet de liquidités pour éviter au pays le défaut de paiement. Avec pour conséquence politique le départ d'Alexis Tsipras, chantre de l'anti-austérité, désavoué par la population.
Le "non", un saut dans l’inconnu
Soit le "non" l'emporte, et les scenarii sont multiples. "Après le ‘non’, on rentre dans une zone tout à fait inconnue avec des vrais risques, et d'abord, et avant toute chose, des risques pour la Grèce elle-même", a souligné Michel Sapin.
Difficile pour Athènes de revenir négocier avec ses créanciers, estime l'économiste français Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE. "Il serait alors très difficile de renouer un dialogue politique" car "les propositions des trois institutions (sont) allées à la limite de ce qui était acceptable".
Il reste alors à la Grèce de faire faillite et quitter la zone euro. Et d'affronter la suite des difficultés : en effet, le problème de la dette du pays, estimée à 340 milliards d'euros, restera entier.
Avec AFP