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Burundi : les législatives et communales ont commencé dans un climat tendu

Les Burundais sont appelés aux urnes pour des élections législatives et communales controversées, après deux mois de violences. Plusieurs centres de vote ont été attaqués. Pour l’UE, le maintien de ces élections constitue un "fait grave".

Une nouvelle grenade a explosé, lundi 29 juin, dans un quartier de Bujumbura, capitale du Burundi et foyer de la contestation contre le président Pierre Nkurunziza, quelques heures après le début de législatives et communales boycottées par l'opposition. Selon un photographe de l’AFP, qui a entendu la détonation, la grenade a explosé peu avant 9h00 locales (07h00 GMT) à quelques centaines de mètres du centre de vote de Musaga.

Une source policière sur place a affirmé que l'engin visait un groupe de policiers postés sur l'avenue principale du quartier. Selon elle, l’explosion n'a pas fait de victime. Plusieurs grenades avaient déjà explosé dans la nuit dans la capitale avant l'ouverture du vote.

Les bureaux de vote des scrutins législatifs et communaux burundais, première étape d'élections générales, ont officiellement ouvert à 06h00 locales. Le climat est extrêmement tendu, émaillé de violences, après deux mois de contestation contre la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, que ses adversaires jugent inconstitutionnel. Plusieurs centres de votes ont été attaqués dans la nuit.

"Fait grave"

Quelque 3,8 millions de Burundais sont appelés aux urnes pour des scrutins sans véritable enjeu strictement électoral, puisque l'opposition et la société civile ont appelé au boycott. Malgré les appels répétés de la communauté internationale, de l'Union africaine et des pays de la région, qui estiment que le climat actuel n'est pas propice à des élections crédibles, les autorités burundaises ont refusé de reporter à nouveau les scrutins.

Ce lundi, l'Union européenne (UE) a condamné le maintien de ces scrutins qu’elle a qualifié de "fait grave". "L'organisation des élections législatives ce 29 juin, sans mettre en place les conditions minimales pour assurer leur crédibilité, transparence et inclusivité, ne pourra qu'exacerber la crise profonde que traverse le Burundi", a estimé dans un communiqué un porte-parole du service diplomatique de l'UE.

Les citoyens burundais doivent élire 100 députés, auxquels viendront s'ajouter trois membres de l'ethnie ultra-minoritaire twa (1% de la population) ainsi que, si nécessaire, un nombre variable de députés cooptés au sein des listes en lice pour parvenir aux équilibres prévus par la Constitution, l'Assemblée devant compter 60 % de députés hutus (environ 85 % de la population), 40 % de députés tutsis (environ 15 %) et 30 % de femmes.

Ces équilibres ont été consacrés par l'Accord d'Arusha, dont la signature en 2000 a ouvert la voie à la fin de la guerre civile ayant opposé entre 1993 et 2006 l'armée alors dominée par les Tutsis et desrebelles hutus. Les subtils mécanismes de partage du pouvoir de cet accord ont également apporté dix ans de paix au Burundi, dont l'histoire post-coloniale est ponctuée de massacres.

Climat d'intimidation et de peur

Une présidentielle est prévue le 15 juillet. L'annonce fin avril de la candidature de M. Nkurunziza, élu en 2005 et 2010, à un nouveau mandat, en violation selon ses adversaires de la Constitution et de l'Accord d'Arusha, a déclenché un mouvement de contestation émaillé de violences ayant fait au moins 70 morts et motivé un coup d'État militaire avorté.

La communauté internationale et les anti-Nkurunziza dénoncent notamment un climat d'intimidation et de peur entretenu par les Imbonerakure - les membres de la Ligue de jeunesse du parti au pouvoir, qualifiée de "milice" par l'ONU -, l'absence de médias indépendants.

Les radios indépendantes ont été détruites durant la tentative de coup d'État, mi-mai, et sont depuis empêchées de recommencer à émettre. Leurs patrons et journalistes ont pour beaucoup pris le chemin de l'exil ou se cachent, se disant victimes de menaces.

Avec AFP