À Téhéran, le milieu des affaires se prépare à la finalisation de l'accord sur le nucléaire iranien, et d'une levée - au moins partielle - des sanctions internationales qui pèsent sur l'économie iranienne. Reportage.
À quelques jours de la date butoir d'un accord sur le dossier du nucléaire iranien, les entreprises iraniennes se préparent à reprendre les affaires. Et pour cause, en cas de levée des sanctions internationales effectives depuis 2010, les transferts d'argent pourront reprendre. L'étau sur l'économie de la République islamique devrait sensiblement se désserrer.
Les sanctions européennes qui pèsent sur le secteur bancaire iranien interdisent de transférer de l'argent depuis et vers l'Iran. Ce qui a mis un coup d'arrêt à nombre de partenariats avec les Européens.
Pour survivre, beaucoup d'entreprises iraniennes ont dû se diversifier. À l’instar de la société d'investissement Turquoise Partners, basée à Téhéran, où s’est rendue la correspondante de France 24 en Iran, Mariam Pirzadeh. Avant les sanctions de 2010, Turquoise Partners levait près de 150 millions de dollars en investissement étrangers. Depuis cinq ans, plus aucun afflux d'argent étranger n'est venu alimenter les caisses de la société. Elle s'est donc recentrée sur le marché iranien.
"Ces sanctions ont eu un impact direct sur nous car sans ces sanctions, une compagnie comme la nôtre aurait pu être quatre voire cinq fois plus importante qu'aujourd'hui, explique son directeur, Ramin Rabii, à France 24. Depuis l'accord cadre de Lausanne le 2 avril [il sert de base au texte définitif qui doit être signé entre l'Iran et les pays du groupe "5+1" - Chine, États-Unis, France, le Royaume-Uni, Russie et Allemagne-, d'ici au 30 juin, NDLR], il y a un très fort intérêt, nous avons reçu plus de 150 mails".
Les investisseurs étrangers à l'affût
"Pour les grandes sociétés, la situation s’arrange depuis les négociations. Mais pour les petites entreprises c'est différent, disons qu'elles travaillent à 40 ou 50 % de leurs capacités", indique de son côté Morteza Allahdad, économiste à la Chambre de commerce et d'industrie de Téhéran.
Les hommes d'affaires étrangers, eux, n'ont pas attendu qu’un accord définitif soit scellé pour venir prospecter dans le pays. Depuis quelques mois, ils se bousculent dans la capitale iranienne, à tel point que des sociétés ont du créer des services spécialisés pour les aider dans leurs démarches.
"C’est une nouveauté, confie Faranak Askari, fondatrice du site toiran.com. On reçoit constamment de nouvelles demandes. Alors que nous étions concentrés sur les touristes, désormais on s'occupe plutôt des hommes d’affaires car ils sont plus nombreux à venir et par conséquent, il y a maintenant plus d'investisseurs potentiels que de touristes".
Pour certains spécialistes, si les sanctions sont totalement levées, les premiers effets pourraient se faire sentir d'ici six mois sur l'économie iranienne. Une économie en berne, en proie depuis trois ans une récession et une inflation records.