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L'instant + : le célèbre trésor de Toutânkhamon dévoilé au public fin 2025
Au Grand Musée égyptien du Caire, cercueils dorés, amulettes en or, colliers de perles et autres trésors de Toutânkhamon seront présentés au grand public à la fin de l'année. Une exposition rendue possible grâce au travail de restauration de 150 professionnels.
Un archéologue effectue des restaurations sur le sarcophage du pharaon Toutânkhamon dans le laboratoire de restauration du Grand Musée égyptien au Caire en Égypte, en 2020. © Khaled Desouki, AFP

Les quelque 5 000 objets du trésor de Toutânkhamon pourront être observés à la fin de l'année 2025 dès l'inauguration officielle du Grand Musée égyptien (GEM) et de l'exposition permanente, au Caire.

Adolescent, Eid Mertah passait des heures à lire des livres consacrés au roi Toutânkhamon, traçant les hiéroglyphes du doigt, rêvant de tenir un jour entre ses mains le célèbre masque d'or du jeune pharaon.

Il fait aujourd'hui partie des 150 restaurateurs professionnels égyptiens qui travaillent dans les laboratoires de conservation du GEM et traitent, entre autres, la précieuse collection d'objets funéraires découverte en 1922 dans une tombe de la Vallée des rois, épargnée par les pillards.

Observer la vie d'un laboratoire de conservation

"C'est grâce à Toutânkhamon que j'ai choisi d'étudier l'archéologie", confie à l'AFP cet expert de 36 ans. "Je rêvais de travailler sur ses trésors — et ce rêve s'est réalisé".

"Je pense que nous sommes plus impatients de découvrir le musée que les touristes eux-mêmes", raconte Mohamed Moustafa, restaurateur, lui aussi âgé de 36 ans.

Le bâtiment ultramoderne construit à proximité des pyramides de Gizeh pour un budget de plus d'un milliard de dollars offrira aux visiteurs une expérience rare : observer derrière une paroi vitrée la vie d'un laboratoire de conservation et le travail des experts sur le bateau solaire du pharaon Khéops, vieux de 4 500 ans, selon les informations obtenues auprès de la direction du musée.

L'instant + : le célèbre trésor de Toutânkhamon dévoilé au public fin 2025
La collection Toutankhamon du GEM provient de plusieurs musées et sites de stockage, dont le Musée égyptien du Caire. © Khaled Desouki, AFP

"Lorsque les visiteurs parcourront le musée, ils admireront la beauté de ces artefacts. Mais pour nous, chaque pièce est le rappel d'heures innombrables de travail, des débats passionnés et des formations intensives", explique Mohamed Moustafa.

À l'origine prévue le 3 juillet, les autorités égyptiennes ont justifié le report de l'exposition par les tensions géopolitiques dans la région, après plusieurs reports liés aux bouleversements politiques et à la pandémie de Covid-19.

Cercueils dorés et sanctuaires miniatures

Le trésor de Toutânkhamon comprend son emblématique masque funéraire en or, des cercueils dorés, des amulettes en or, des colliers de perles, des gants de lin, des statues, des sanctuaires miniatures, des chars cérémoniels, ainsi que deux fœtus momifiés, présumés être ses filles mort-nées.

Nombre de ces objets n'avaient pas été restaurés depuis leur découverte par l'archéologue britannique Howard Carter. Les techniques de conservation employées à l'époque visaient à protéger les objets, mais plus d'un siècle plus tard compliquent leur restauration.

L'application de cire sur les surfaces en or a permis "de préserver les objets à l'époque", explique Hind Bayyoumi, "mais elle a ensuite masqué les détails que nous souhaitons aujourd'hui révéler au monde".

Pendant plusieurs mois, cette professionnelle de 39 ans et ses collègues ont minutieusement retiré la cire qui avait, au fil du temps, emprisonné la saleté et terni l'éclat de l'or.

L'instant + : le célèbre trésor de Toutânkhamon dévoilé au public fin 2025
L'ouverture du Grand Musée égyptien de Gizeh est désormais prévue pour la fin de l'année, après de multiples retards. © Hasan Mroue, AFP

"Un immense puzzle"

La restauration a été le fruit d'une coopération étroite entre l'Égypte et le Japon, Tokyo apportant un financement de 800 millions de dollars sous forme de prêts ainsi qu'un soutien technique pour la restauration, le transport et la gestion muséale.

Les restaurateurs égyptiens, formés pour beaucoup par des experts japonais, ont conduit leurs travaux de pointe dans dix-neuf laboratoires spécialisés : bois, métal, papyrus, textile...

La restauration du cercueil de Toutânkhamon, transféré directement depuis sa tombe, s'est révélée une des opérations les plus délicates.

Au laboratoire du bois, la restauratrice Fatma Magdy, 34 ans, a mobilisé loupes et archives photographiques pour réassembler avec soin les fines feuilles d'or.

"C'était comme reconstituer un immense puzzle", confie-t-elle. "La forme des cassures, le tracé des hiéroglyphes - chaque détail comptait."

"Chaque objet raconte une histoire"

La collection Toutânkhamon a longtemps été éparpillée dans plusieurs sites, notamment le Musée égyptien de la place Tahrir, le musée de Louxor, ainsi que la tombe elle-même, dans la Vallée des rois. Certains objets ont fait l'objet d'une restauration légère avant leur transfert pour un transport sécurisé.

Avant toute manipulation, les équipes ont procédé à une documentation photographique, à des analyses aux rayons X et à différents tests pour évaluer l'état de chaque pièce.

"Nous devions comprendre l'état de chaque objet — les couches d'or, les adhésifs, la structure du bois — absolument tout", explique Eid Mertah, qui a travaillé sur les sanctuaires cérémoniels du jeune pharaon au Musée égyptien de la place Tahrir.

La philosophie qui a guidé l'équipe tout au long du processus est de "faire le strict minimum nécessaire — tout en respectant l'histoire de l'objet", explique Mohamed Moustafa.

"Chaque objet raconte une histoire", a-t-il conclu.

Avec AFP