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Royal demande aux jardineries de ne plus vendre le Roundup en libre-service

La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a annoncé dimanche vouloir empêcher la vente en libre-service dans les jardineries du Roundup, désherbant de Monsanto, afin de lutter contre les effets néfastes des pesticides.

La ministre de l'Écologie Ségolène Royal a fait de la lutte contre les pesticides son cheval de bataille. Elle l'a encore montré dimanche 15 juin, en annonçant vouloir interdire dans les jardineries le fameux Roundup, désherbant vedette de Monsanto, le géant américain des semences et de l'agrochimie. "La France doit être à l'offensive sur l'arrêt des pesticides", a-t-elle déclaré dans le journal télévisé de France 3.

"Elle doit être aussi à l'offensive sur l'arrêt des pesticides dans les jardins et je vous annonce que j'ai demandé aux jardineries d'arrêter de mettre en vente libre le Roundup de Monsanto", a-t-elle ajouté.

Le Roundup avait été remis au centre de l'actualité après le classement en mars dernier du glyphosate, son principe actif, comme cancérogène "probable chez l'homme", même si les "preuves sont limitées", par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui dépend de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'image de cette substance, l'herbicide le plus utilisé en France, avait ainsi été largement écornée.

"Quels moyens se donne réellement la ministre ?"

Les associations écologistes accueillent l’annonce de Ségolène Royal avec prudence. "C’est positif car cela permet une médiatisation, une mise en garde contre les effets des pesticides, mais quels moyens se donne réellement la ministre ?", s’interroge ainsi François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, sollicité par France 24.

Le militant met en garde : "Beaucoup de médias ont parlé 'd'interdiction', or on n'en est pas du tout là ! La ministre a simplement indiqué avoir 'demandé' aux jardineries de cesser de vendre le Roundup". Pas de réponse pour le moment du côté de celles-ci. "Par ailleurs, elle n'a pas mentionné de moyen de coercition, et elle n'a pas parlé de décret ou de dispositif législatif qui lui donnerait les moyens d’appliquer une véritable interdiction", regrette François Veillerette.

Dans un communiqué transmis à l'AFP dimanche, le groupe Monsanto explique de son côté ne pas avoir à ce stade "d'information réglementaire concernant une évolution de l'autorisation de mise sur le marché du désherbant Roundup".

Il juge qu'"absolument aucune nouvelle donnée scientifique récente ne permet de remettre en cause cette autorisation" et estime que "dans les conditions recommandées d'utilisation figurant sur l'étiquette, le produit ne présente pas de risque particulier pour l'utilisateur".

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Cette annonce de Ségolène Royal intervient alors que l'association de consommateurs CLCV a interpellé la semaine dernière les agences sanitaires françaises et européennes et le ministre de l'Agriculture sur le glyphosate, demandant notamment qu'il ne soit plus vendu en libre-service aux jardiniers amateurs.

Les agriculteurs en première ligne

Dans la foulée, Ségolène Royal et le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avaient indiqué jeudi qu'à compter du 1er janvier 2018, l'accès aux produits phytosanitaires pour les jardiniers amateurs ne pourra se faire que "par l'intermédiaire d'un vendeur certifié".

"L'acheteur amateur bénéficiera ainsi d'un conseil renforcé systématique lors de la vente de ces produits avec une information sur les interdictions à venir et les alternatives", selon ce communiqué.

Stéphane Le Foll avait toutefois précisé auparavant ne pas vouloir interdire le glyphosate. Or, là est le véritable enjeu selon Générations futures, qui s’inquiète du sort des agriculteurs confrontés à des doses massives de pesticides. "Ce sont eux qui sont en première ligne, avec les consommateurs, et qui sont soumis à des risques avec ces produits contenant du glyphosate, qu’il faut purement et simplement interdire", indique son porte-parole.

L’Agence européenne de sécurité sanitaire (Efsa) examine actuellement la ré-homologation décennale européenne de ce produit.

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