Des procureurs américains pensent que le secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke, est l'auteur de certaines transactions bancaires au cœur de l'enquête sur des faits de corruption dont sont accusés plusieurs officiels de la fédération.
Le secrétaire général de la Fifa, le Français Jérôme Valcke, est dans le collimateur de la justice américaine, annonce, lundi 1er juin, le "New York Times". Selon le quotidien, qui cite plusieurs responsables fédéraux américains, le numéro 2 de la Fédération internationale de football a transféré 10 millions de dollars sur des comptes gérés par Jack Warner, l’ancien président de la Concacaf (Confédération d’Amérique du Nord, centrale et des Caraibes).
L'acte d'accusation déposé par le parquet américain devant un tribunal fédéral de Brooklyn ne mentionne pas le nom de Jérôme Valcke, mais le journal américain explique que le Français serait "le haut responsable" non identifié à l'origine du transfert de fonds à Warner. Ce transfert, datant de 2008, serait un "élément central du scandale de corruption qui engloutit le football mondial", rapporte le "New York Times". Ces millions de dollars permettent également de "rapprocher (l'enquête) de M. Blatter", le président de la Fifa, qui n'est pour l'instant pas mis en cause. Cet argent aurait servi à s’assurer que l’Afrique du Sud soit le pays organisateur du Mondial deux ans plus tard.
Cité dans l’article, Danny Jordan, le responsable de la Coupe du Monde dans ce pays, assure toutefois que "l’argent n’était pas un pot-de-vin mais un paiement légitime dans le cadre du développement dans les Caraïbes".
La Fifa nie l’implication de Valcke
Jack Warner fait pourtant partie des quatorze personnes mises en cause par la justice américaine - neuf responsables de la Fifa et cinq dirigeants de sociétés liés à la commercialisation et à la promotion du football. Ils sont accusés de faits de corruption ayant donné lieu, depuis le début des années 1990, au versement de pots-de-vin estimés à plus de 138 millions d’euros au total.
Placé en garde à vue durant 24 heures après s’être présenté mercredi dernier volontairement à la police de Trinidad et Tobago, Jack Warner a été libéré après le versement d’une caution. Une demande d’extradition à son encontre a été formulée par la justice américaine.
De son côté, Jérôme Valcke s’est défendu de toute malversation. Dans un courriel adressé au "New York Times", il affirme qu’il n’a pas autorisé ce versement et qu’il n’avait pas le pouvoir de le faire. Pris dans la tourmente de la Fifa, le secrétaire général n’assistera pas à l’ouverture de la Coupe du monde féminine, samedi au Canada, pour se consacrer aux dossiers en cours.
La Fifa a également pris sa défense dans un communiqué publié mardi 2 juin. "Le versement d'une somme totale de 10 millions de dollars a été autorisé par le président de la Commission des finances de l'époque et a été mis en place en accord avec l'organisation de régulation de la Fifa", a indiqué la Fédération internationale. "Ni le secrétaire Jérôme Valcke, ni aucun autre membre dirigeant de la Fifa n'est impliqué dans l'initiative, l'approbation et la mise en œuvre du projet cité", indique le document.
Le comité d'éthique de la Fifa a par ailleurs annoncé lundi la suspension d'Enrique Sanz, secrétaire général de la Concacaf, et de Jean-Guy Blaise Mayolas et Badji Mombo Wantete, respectivement vice-président et secrétaire général de la Fédération congolaise de Football (Fecofoot).
Au Paraguay, un juge a ordonné lundi l'assignation à résidence de Nicolas Leoz, ancien président de la Confédération sud-américaine de football (Conmebol).
Avec AFP et Reuters