
En visite à Belgrade, le vice-président des États-Unis Joe Biden a insisté sur le rôle "primordial" de Belgrade dans la région et a précisé que la Serbie n'avait pas à reconnaître le Kosovo pour rejoindre l'Union européenne.
AFP - La reconnaissance du Kosovo n'est pas une condition préalable pour que la Serbie puisse bénéficier du soutien américain dans ses aspirations à rejoindre l'Union européenne, a déclaré mercredi le vice-président américain, Joe Biden, en visite à Belgrade.
"Les Etats-Unis ne s'attendent pas, et je le répète, ne s'attendent pas à ce que la Serbie reconnaisse le Kosovo", a déclaré Joe Biden devant des journalistes, à l'issue d'un entretien avec le président serbe, Boris Tadic.
Une telle reconnaissance "n'est pas une condition préalable à nos relations (bilatérales) ou à notre soutien en faveur de l'intégration de la Serbie à l'Union européenne", a poursuivi le dirigeant américain.
"La Serbie est primordiale pour l'avenir du sud-est de l'Europe. La région ne peut pas, ne peut pas totalement réussir sans que la Serbie y ait un rôle constructif de première importance", a déclaré M. Biden, plaidant pour une amélioration des relations bilatérales.
Celles-ci avaient traversé une période glaciale après la reconnaissance de la proclamation d'indépendance du Kosovo par Washington.
Le président Tadic a pour sa part déclaré souhaiter "les meilleures relations possibles avec les Etats-Unis, en tant que partenaires".
"Nous pouvons coopérer sur les nombreux sujets que nous abordons de la même façon et qui nous lient", a-t-il ajouté.
"La Serbie ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais le Kosovo", a lancé toutefois M. Tadic, répétant la position serbe.
Belgrade considère le Kosovo comme la province méridionale de la Serbie.
Le vice-président américain est à Belgrade pour la deuxième étape de sa tournée dans les Balkans, qui le conduira, jeudi au Kosovo. Il était mardi à Sarajevo (Bosnie).
M. Biden est le plus haut responsable américain en visite officielle en Serbie depuis le voyage du président Jimmy Carter en juin 1980, à l'époque de la Yougoslavie.
Le vice-président américain devait rencontrer ensuite le Premier ministre Mirko Cvetkovic et le ministre de la Défense, Dragan Sutanovac. La journée devait s'achever par un dîner offert par le président Tadic.
D'importantes mesures de sécurité ont été prises par les autorités serbes pour cette visite, les manifestations étant interdites à Belgrade.
Des députés ultra-nationalistes serbes, du Parti radical (SRS), ont protesté à leur manière contre la venue de M. Biden, en brandissant en début de séance parlementaire des affiches traitant le vice-président "d'ordure nazie". Les ultra-nationalistes considèrent M. Biden comme un homme politique ayant exprimé des positions résolument anti-serbes.
Les journaux accordaient mercredi matin une large place à la visite de M. Biden, soulignant qu'elle fournissait l'occasion de relancer les relations bilatérales.
"Il faut demander aux Etats-Unis un plus grand soutien pour l'entrée dans l'Union européenne", titrait le quotidien Blic.
Certains quotidiens relevaient qu'aucun entretien en tête-à-tête n'était prévu avec le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic, qui s'était fait remarquer il y a quelques semaines encore par des déclarations musclées sur le Kosovo dénonçant les soutiens internationaux dont il bénéficie.
Deux nouvelles reconnaissances de la proclamation d'indépendance du Kosovo, celles des Comores et de Bahreïn, ont été enregistrées mardi. Le nombre des pays reconnaissant l'indépendance du Kosovo s'établit désormais à 60.