Face aux violations du cessez-le-feu en Ukraine - conclu lors des accords de Minsk - Paris et Kiev haussent le ton. Les critiques visent surtout les groupes pro-russes qui, selon le Premier ministre ukrainien, sont "responsables des violences".
Le président français François Hollande a dénoncé jeudi 14 mai les violations "inacceptables" du cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine, mettant en garde contre le "risque" d'un nouvel "embrasement", à l'issue d'un bref entretien avec son homologue ukrainien Petro Porochenko à Aix-la-Chapelle (Allemagne).
"Il y a des violations du cessez-le-feu aujourd'hui et c'est inacceptable", a déclaré le chef de l'État français devant la presse.
"Des groupes ont intérêt à ce que ce conflit perdure et ces groupes-là nous les identifions facilement", a-t-il répondu sans plus de précisions. Ces groupes en question, que le président français n’a pas nommés, ont été clairement identifiés par Arseni Iatseniouk, le Premier ministre ukrainien, interrogé sur France 24, la veille.
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it"Armés jusqu’aux dents"
"Les [groupes] pro-russes sont personnellement responsables de la violation du cessez-le-feu", a-t-il déclaré, mercredi. "La Russie ne veut pas appliquer les accords [de Minsk]", conclus il y a trois mois et qui prévoit un retrait total des armes lourdes de la ligne de front. "Ces pro-russes sont armés jusqu’aux dents", a-t-il poursuivi.
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Ces deux dernières semaines, les combats ont gagné en intensité, notamment autour l'aéroport de Donetsk ou à Chirokiné, village stratégique proche du grand port de Marioupol, faisant parfois plusieurs morts par jour des deux côtés. "L’Ukraine est devenue un champ de bataille", a déploré le Premier ministre ukrainien. "Il faut pousser Moscou à appliquer les accords !".
itLes occidentaux maintiennent toujours leur pression sur le pays. La Russie "doit cesser sa déstabilisation continue et délibérée de l'est de l'Ukraine", ont écrit mercredi les 28 pays membres de l'Otan ainsi que l'Ukraine dans une déclaration commune publiée après un réunion à Antalya (sud-ouest de la Turquie). Ils ont intimé à Moscou l'ordre de "retirer ses forces et équipements militaires du territoire ukrainien". Sur un ton inhabituellement critique vis-à-vis de la Russie, même le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a critiqué son allié et dénoncé "l'annexion illégale" de la Crimée en mars 2014.
itCréation d’un conseil consultatif international
Sur un autre front, celui de la politique intérieure, le président Petro Porochenko essaie dans le même temps de sortir son pays de la crise économique, sociale et humanitaire dans laquelle il est plongé après plus d’un an de conflit. Pour ce faire, le chef de l’État a décidé de former un conseil consultatif international composé de plusieurs personnalités étrangères dont l'ancien Premier ministre suédois Carl Bildt et le sénateur américain John McCain, qui milite activement dans son pays pour livrer des armes létales à l'Ukraine.
"Ces personnes ont une grande expérience en ce qui concerne la mise en œuvre de réformes", a affirmé à l'AFP Dmitro Chimkiv, adjoint du chef de l'administration présidentielle, précisant que la première réunion aurait "bientôt" lieu.
L'armée ukrainienne combat depuis plus d'un an les séparatistes pro-russes dans l'est du pays, un conflit qui a fait plus de 6 200 morts.
Avec AFP