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Les salariés du Parisien/Aujourd'hui en France vent debout contre une éventuelle vente à Bolloré
Réunis en assemblée générale, les salariés du Parisien/Aujourd'hui ont fait part jeudi de leur opposition au projet de vente du quotidien au groupe Bolloré. Ils estiment que ce projet "reviendrait à livrer à une idéologie militante d'extrême droite un des grands quotidiens du pays". Le milliardaire français possède, entre autres, CNews et le JDD.
Le président du conseil de surveillance de Vivendi, Vincent Bolloré, avant une audition devant la commission d'enquête parlementaire sur les procédures d'octroi des autorisations de télévision, le 13 mars 2024. © Alain Jocard, AFP

"Une catastrophe", ont alerté les salariés du Parisien/Aujourd'hui en France. Ils ont exprimé, jeudi 11 septembre, lors d'une assemblée générale leur "opposition" à l'hypothèse d'une vente du quotidien à Vincent Bolloré. La reprise de cet important titre de presse français par le milliardaire conservateur fait l'objet de rumeurs insistantes ces dernières semaines.

"L'assemblée générale (...) mandate les organisations syndicales pour demander un rendez-vous immédiat avec Pierre Louette", PDG du groupe Les Échos-Le Parisien, "pour exprimer son opposition au projet de vente du Parisien au groupe Bolloré", est-il écrit dans cette motion consultée par l'AFP.

Le texte, qui "dénonce le silence de la direction", a été adopté à l'unanimité des 474 participants, moins quatre abstentions.

Sollicitée par l'AFP, la direction du groupe n'a pas souhaité faire de commentaire.

La SDJ dénonce "une idéologie militante d'extrême droite"

Dans sa motion, l'AG exprime également "son attachement à la préservation d'un titre de presse d'information nationale et locale composé de journalistes indépendants, à la liberté d'informer et d'être informé".

Le groupe Les Échos-Le Parisien appartient au numéro un mondial du luxe LVMH, du milliardaire Bernard Arnault. Lundi, le magazine Challenges a consacré un article à une éventuelle vente du Parisien/Aujourd'hui en France à Vincent Bolloré, après plusieurs semaines de rumeurs.

La Société des journalistes et les syndicats du titre ont envoyé mardi une lettre ouverte à Bernard Arnault, en jugeant qu'une telle vente serait catastrophique et "reviendrait à livrer à une idéologie militante d'extrême droite un des grands quotidiens du pays".

Vincent Bolloré a dans son giron le groupe Canal+, qui comprend notamment CNews, régulièrement leader des chaînes info en part d'audience.

Le milliardaire conservateur est en outre présent dans la presse via le numéro un du secteur des magazines, Prisma Media (Voici, Capital, Femme actuelle...), et via Lagardère (Europe 1, JDD...).

L'acquisition de Lagardère en 2023 s'est accompagnée d'un profond remaniement au JDD, avec un directeur proche de l'extrême droite, entraînant une grève et des départs massifs, comme auparavant à i-Télé (devenue CNews) et Europe 1.

Suppression de près de 40 postes à la rédaction 

Le Parisien/Aujourd'hui en France vient de connaître un plan de réorganisation, avec la suppression prévue de près de 40 postes. Cette annonce avait entraîné en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction.

Dans la motion adoptée jeudi, les salariés ont à nouveau pointé cette réorganisation, en dénonçant "des conditions de précarité, de flou et d'incertitudes inacceptables sur l'avenir". Ils ont demandé "les embauches en CDI nécessaires au fonctionnement normal de chaque service".

Avec AFP