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Tentative de coup d'État au Brésil : une majorité à la Cour suprême vote pour condamner Bolsonaro
Au Brésil, la majorité des juges de la Cour suprême ont voté en faveur de la condamnation de l'ancien président Jair Bolsonaro pour tentative de coup d'État malgré sa défaite électorale de 2022. Le vote d'un cinquième juge, ancien avocat de Lula, est attendu avant que le jugement et une éventuelle peine soient prononcés.
L'ancien président brésilien Jair Bolsonaro assigné à résidence à Brasilia, le 14 août 2025, dans l'attente de son procès pour un complot présumé visant à renverser l'élection présidentielle de 2022. © Adriano Machado, Reuters

L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro est plus proche que jamais d'une peine de prison. Une majorité de ses juges a voté jeudi 11 septembre pour le condamner pour tentative de coup d'État, malgré les pressions de Donald Trump en sa faveur.

Avec un score de 3 à 1 après le vote de la juge Carmen Lucia, la Cour suprême a formé la majorité requise pour condamner l'ancien chef de l'État (2019-2022). À 70 ans, il risque jusqu'à 43 ans de prison.

Accusé d'avoir été le chef d'une "organisation criminelle" ayant conspiré pour assurer son "maintien autoritaire au pouvoir" malgré sa défaite face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de 2022, Jair Bolsonaro clame son innocence.

Le cinquième et dernier juge Cristiano Zanin, ancien avocat de Lula, doit encore voter pour que le jugement et une éventuelle peine soient prononcés.

Inéligible jusqu'en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août pour des soupçons d'entrave à son procès, Jair Bolsonaro n'est pas présent aux audiences, pour motif de santé selon sa défense.

Un journaliste de l'AFP a pu l'apercevoir jeudi matin dans son jardin, vêtu d'un polo vert et d'un pantalon sombre, en compagnie d'un proche.

Les conservateurs préparent une loi d'amnistie

L'affaire Bolsonaro est aussi à l'origine d'une crise sans précédent entre la première puissance d'Amérique latine et les États-Unis.

Dénonçant une "chasse aux sorcières" contre son allié d'extrême droite, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50 % sur une part importante des exportations brésiliennes.

Washington a également annulé les visas de plusieurs juges de la Cour suprême brésilienne et infligé des sanctions financières à l'un d'entre eux, Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro.

Le juge Moraes a été le premier à voter mardi pour la condamnation de l'ex-président, affirmant que le Brésil avait "failli redevenir une dictature" lors du supposé putsch manqué.

Jair Bolsonaro est jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont plusieurs ex-ministres et généraux. C'est la première fois qu'un ancien chef de l'État doit répondre de telles accusations, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985).

Ex-ministre de la Justice de Lula, Flavio Dino a lui aussi voté pour une condamnation, estimant que les infractions jugées "ne sont pas susceptibles d'amnistie".

Le courant conservateur tente actuellement de faire approuver au Parlement une loi d'amnistie au bénéfice de son leader.

Avec déjà en tête de possibles recours contre une condamnation, le camp de l'ancien chef de l'État avait célébré mercredi le vote du troisième magistrat, Luiz Fux. Développant une démonstration de plus de onze heures, ce dernier a jusque-là été le seul à voter pour la relaxe de Jair Bolsonaro.

Avec AFP