Le Premier ministre indien a entamé jeudi sa première visite officielle en Chine, où il a été reçu sur les terres natales du président Xi Jinping. Les deux pays cherchent à renforcer leur coopération économique malgré leurs différends.
Lors de son premier voyage officiel en Chine, jeudi 14 mai, le Premier ministre indien Narendra Modi a été reçu avec grand soin par Xi Jinping. Geste inédit dans le protocole, le président chinois l’a en effet accueilli "sur ses terres" familiales à Xian, la capitale du Shaanxi, gage d'une volonté de nouer des relations plus personnelles avec le dirigeant de la puissance voisine et rivale.
"C'est la première fois que je reçois un dirigeant étranger dans ma ville d'origine et je vous souhaite un agréable séjour", a ainsi déclaré Xi Jinping, cité par l'agence Chine nouvelle. En septembre dernier, Narendra Modi avait lui-même reçu le président chinois dans son État du Gujarat (ouest de l'Inde).
À Xian, le chef du gouvernement indien a observé de près les guerriers de terre cuite mis au jour en 1974 près du mausolée de l'empereur Qin Shihuang, selon des photos diffusées sur son compte Twitter.
"C'est un témoignage de la réussite de la civilisation de la Chine", a-t-il écrit sur le livre d'or du site, avant de visiter le temple de Daxinshan, où les érudits indiens auraient traduit en chinois les premiers textes de la tradition bouddhiste sous la dynastie des Jin (265-316 avant JC).
Les deux dirigeants se sont félicités de cette rencontre. "Cela m'a laissé une profonde et bonne impression", a déclaré Xi Jinping, selon Chine nouvelle. "C'est un honneur pour les 1,25 milliard d'Indiens que je représente", lui a répondu Narendra Modi, cité par l'agence indienne PTI.
Financements chinois
Lors de cette visite qui doit durer jusqu'à samedi, le Premier ministre indien attend principalement des financements chinois pour les infrastructures défaillantes de son pays.
La Chine est le plus important partenaire commercial de l’Inde. Le commerce annuel entre ces deux pays - les plus peuplés du monde - totalise quelque 70 milliards de dollars, un montant qui cache un déficit commercial de plus de 38 milliards de dollars pour l'Inde.
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Narendra Modi, qui se rendra également à Pékin et à Shanghai, va donc tenter d'obtenir un meilleur accès au marché chinois pour l'industrie pharmaceutique indienne, ainsi que des promesses d'investissements dans les projets d'infrastructure indiens.
Différends frontaliers et volonté de détente
Pékin a d'ores et déjà dit apprécier l'esprit pragmatique du dirigeant indien qui, avant de s'envoler pour la Chine, a souhaité un rapprochement économique entre les deux voisins, malgré les différends frontaliers qui continuent à les opposer.
À Xian, "les questions frontalières ont été discutées, dont la paix et la tranquillité à la frontière", a déclaré à la presse le secrétaire d'État indien aux Affaires étrangères. De même source, les deux hommes ont également abordé le souhait de l'Inde de se joindre au Conseil de sécurité de l'ONU, un souhait que Pékin s'est gardé jusqu'à présent de soutenir ouvertement.
Les visites réciproques des deux dirigeants témoignent d'une volonté de détente, même si les relations sino-indiennes ne sont jamais à l'abri d'éruptions de tension liées aux désaccords territoriaux frontaliers, à l'origine d'un bref mais violent conflit en 1962 entre les deux pays.
Le quotidien chinois "Global Times", réputé pour son ton patriotique, a ainsi accusé cette semaine le Premier ministre indien de "jouer avec le feu sur les questions de frontière et de sécurité".
Avec AFP