De violents affrontements ont opposé, samedi, les forces gouvernementales à un groupe armé "venu d’un pays voisin". Huit policiers et 14 assaillants sont morts selon le ministère de l’Intérieur.
Des tirs sporadiques se faisaient encore entendre, dimanche 10 mai, en matinée, dans un faubourg albanophone de la ville de Koumanovo, dans le nord de la Macédoine. La veille, au moins 22 personnes sont mortes dans de violents affrontements, qui avaient opposé les forces de sécurité de Macédoine à un groupe armé venu d’un "pays voisin".
Les affrontements ont fait huit morts et 37 blessés parmi les policiers, a annoncé lors d'une conférence de presse le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Ivo Kotevski, qui a également fait état de 14 "terroristes" tués. Et de préciser qu'aucun civil n'avait perdu la vie.
Si le ministère déclare ne pas avoir d’informations sur la provenance du groupe armé, la presse locale affirme que ses membres sont originaires du Kosovo, dont la population est majoritairement albanaise musulmane. Ce groupe est accusé d'avoir préparé des "actes terroristes", selon le ministère macédonien de l’Intérieur.
Les affrontements de Kumanovo sont intervenus après qu'un groupe armé d'Albanais venus du Kosovo a brièvement pris possession d'un petit commissariat à la frontière nord de la Macédoine le 21 avril. Retenant des policiers en otage pendant plusieurs heures, il réclamait la création d'un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.
Des habitants chargés de sacs ont fui samedi le secteur, parfois escortés par des policiers. "Je ne pensais pas que cela allait recommencer", a dit un albanophone interrogé par la télévision macédonienne, faisant allusion aux violences de 2001. "C'est terrifiant, je ne peux pas rester ici."
Souvenir du conflit de 2001
À Skopje, la capitale de ce petit pays des Balkans, les autorités ont proclamé dimanche deux jours de deuil national. Selon la ministre de l'Intérieur, Gordana Jankuloska, à Kumanovo, "la situation sur le terrain est toujours très délicate". Alors que la Serbie voisine renforçait ses troupes aux frontières, l'Albanie et le Kosovo ont lancé des appels au calme.
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a également réagi dimanche à ces violences. "J'appelle chacun à faire preuve de retenue et à éviter toute nouvelle escalade dans l'intérêt du pays et de l'ensemble de la région", a-t-il déclaré dans un communiqué alors que l'Union européenne (UE) s'est déclarée "profondément préoccupée" par la crise.
Dimanche soir, la police macédonienne a affirmé avoir mis fin à l'opération.
Candidate à l'adhésion à l'UE depuis dix ans, la Macédoine est en proie à une grave crise politique qui oppose depuis des mois les principales formations slaves, l'opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et de la mise sur écoute de 20 000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux.
En Macédoine, pays de 2,1 millions d'habitants, dont le quart est albanais musulman, ces affrontements réveillent la crainte d'un conflit tel celui qui a opposé pendant six mois en 2001, dans la région de Koumanovo, les autorités macédoniennes aux rebelles albanais. Ces derniers réclamaient davantage de droits au sein de la société. Les accords d'Ohrid (Macédoine), signés le 13 août 2001 sous la pression occidentale, avaient mis fin aux affrontements. Depuis, le gouvernement a accusé des groupes armés venus du Kosovo de mener des incursions en territoire macédonien.
Avec AFP et Reuters