Des dizaines de milliers de personnes ont quitté la province afghane de Kunduz (nord), théâtre d'affrontements entre les Taliban et les forces afghanes. L'EI soutiendrait les Taliban sur place, selon le gouverneur de cette province.
Des dizaines de milliers de personnes ont quitté, en à peine deux semaines, la province afghane de Kunduz (nord), théâtre de violents affrontements entre les Taliban et les forces afghanes en ce début de la "saison des combats", ont indiqué, vendredi 8 mai, les autorités locales.
Des centaines de Taliban ont attaqué, fin avril, des positions tenues par la police et l'armée dans les environs de la ville de Kunduz, au premier jour de leur "offensive du printemps". Ils ont progressé peu à peu dans les faubourgs de la capitale de la province éponyme considérée comme un verrou stratégique du nord du pays.
Cet assaut a forcé l'armée afghane à demander des renforts pour protéger la ville. Depuis, d'intenses combats font rage, poussant une partie de la population locale à plier bagages.
"Environ 14 000 familles ont été déplacées depuis deux semaines en raison des combats à Kunduz", a déclaré à l'AFP Ghulam Sakhi, un haut responsable du département local des réfugiés. Considérant que les familles afghanes sont généralement nombreuses, les déplacés se comptent en dizaines de milliers.
Dans une interview à la BBC, le gouverneur de la province de Kunduz, Mohammed Omar Safi, a affirmé que des hommes de l'organisation État islamique (EI), qui a proclamé un califat sur des pans entiers de l'Irak et de la Syrie, "soutiennent des Taliban, les entraînent et tentent de développer leurs capacités dans l'optique d'une plus grande bataille".
Les autorités afghanes, qui tentent de convaincre les Taliban fidèles au mollah Omar de joindre un véritable processus de paix et de maintenir l'attention de la communauté internationale sur leur pays, dans la foulée du retrait d'une grande partie des troupes de l'Otan, ont multiplié ces derniers mois les déclarations faisant état d'une présence de l'EI dans la région.
Mais de nombreux analystes demeurent sceptiques sur une présence structurée du groupe jihadiste dans la zone Afghanistan-Pakistan, malgré le fait que de nombreux combattants, locaux et étrangers, y ont plaidé allégeance à l'EI.
À Kunduz, de nombreux jihadistes étrangers, venus d'Asie centrale, de Tchétchénie et du Pakistan, combattent auprès des Taliban, soutiennent des responsables locaux.
"Mais simplement parce qu'il s'agit de combattants étrangers, cela ne veut pas dire qu'ils soient membres de Daesh", l'acronyme arabe de l'organisation État Islamique, a indiqué à l'AFP Kate Clark, du Réseau des analystes afghans, un centre de recherche à Kaboul.
"Et je ne vois aucune raison pour laquelle les Taliban [qui ne reconnaissent pas l'autorité du chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, NDLR] voudraient combattre avec Daesh. Nous avons besoin de plus de preuves pour soutenir cette thèse", a-t-elle ajouté.
Avec AFP