
Quatre mois après la signature d'un accord entre les États-Unis et la France pour dédommager des victimes de la Shoah, une plainte a été lancée contre la SNCF. Celle-ci est accusée d'avoir confisqué et monnayé les biens personnels de déportés.
La SNCF est de nouveau pointée du doigt aux États-Unis. Alors qu'un accord avait été trouvé en décembre 2014 entre Washington et Paris pour dédommager des victimes de la Shoah transportées par les trains de la SNCF vers les camps de la mort, la société nationale des chemins de fer français fait l’objet d’une nouvelle plainte.
A l’occasion de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, des descendants ont lancé jeudi 16 avril une action de groupe contre la SCNF pour avoir confisqué et monnayé les biens personnels des personnes déportées dans ses trains.
Selon les documents du tribunal de Chicago, la SNCF a "commis et conspiré pour commettre, aidé, et encouragé d'autres à commettre, des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité". D’après la plainte, les descendants demandent réparation, car la compagnie a vendus aux nazis les biens personnels saisis aux déportés, qui se composaient notamment, d’argent, de titres financiers, d’or ou encore de bijoux. Elle aurait également facturé des billets de train de troisième classe alors que les victimes étaient entassés dans des wagons à bestiaux.
La principale plaignante, Karen Scalin, habitante de Chicago, a perdu ses grands-parents, qui avaient été déportés à Auschwitz depuis la France en Pologne par la SNCF où ils sont morts en 1942.
Il y a quatre mois, Paris avait tenté de mettre un terme à cette affaire sensible, qui avait failli priver la SNCF de contrats aux États-Unis, en s’engageant à verser 60 millions de dollars aux déportés américains, conjoints ou descendants, qui n’étaient pas couverts par les dispositifs mis en place par la France depuis 1946.
Une solution qui ne satisfait pas entièrement l’avocat des plaignants Steven Blonder : "Cet accord est un bon premier pas, mais ce n’est qu’un premier pas. Trop de gens en sont exclus. Son champ de couverture est très limité", a-t-il expliqué à l’AFP. Selon lui, cet accord ne concerne pas directement la compagnie française. "Nous voulons que la SNCF soit tenue pour responsable et fasse les réparations adéquates ", a-t-il insisté.
Réquisitionnée par le régime de Vichy, la SNCF a déporté 76 000 Juifs dans des wagons de marchandises à travers le pays et vers les camps d'extermination entre 1942 et 1944. Environ 3 000 d'entre eux auraient survécu.
Avec AFP