Inquiets des conséquences d'une éventuelle fusion avec Opel, les salariés de Fiat sont venus de toute l'Italie pour manifester samedi à Turin. Ils exigent des garanties sur l'emploi et le maintien des usines en Italie.
AFP - "Fiat, c'est nous !" Venus en masse de toute l'Italie, les ouvriers du groupe automobile italien, qui craignent d'être sacrifiés sur l'autel d'une fusion avec l'allemand Opel, ont exigé samedi à Turin (nord) des garanties sur l'emploi et le maintien des usines en Italie.
Environ 15.000 selon les syndicats, les salariés du groupe et d'entreprises sous-traitantes ont manifesté sans incident dans les rues de Turin entre l'usine de Mirafiori et le Lingotto, siège de l'entreprise, véritable symbole en Italie et premier employeur privé du pays avec plus de 82.000 salariés.
En tête de cortège, le mot d'ordre est clair: "du nord au sud, Fiat ne doit pas se développer sans nous".
"Fiat c'est nous ! Sans nous, les dirigeants ne seraient pas applaudis comme ils le sont aujourd'hui" pour avoir redressé le groupe, au bord du gouffre lorsque Sergio Marchionne en a pris les commandes en 2004, clame Giorgio Airaudo, du syndicat Fiom-CGIL.
"Nous sommes préoccupés. Marchionne noue des alliances à l'étranger ce qui pourrait entraîner des doublons et donc la fermeture d'usines en Italie", s'inquiète Francesco Percuoco, ouvrier à l'usine de Pomigliano, près de Naples (sud).
Tous craignent un "désert industriel" dans le sud si Fiat y supprime des emplois ou y ferme des sites, alors que le chômage y est déjà beaucoup plus élevé que dans le reste du pays.
"C'est très bien le shopping à l'étranger mais les travailleurs italiens veulent savoir de quoi sera fait leur avenir. Marchionne doit comprendre que ce n'est pas que la tête de Fiat qui doit rester en Italie mais aussi ses bras", insiste de son côté Marco Roselli, employé à l'usine de Melfi (sud).
Le flou qui règne sur les intentions de Fiat en matière de restructuration s'il parvenait à mettre la main sur l'allemand Opel, après s'être allié avec l'américain Chrysler, inquiète les salariés qui réclament de longue date une rencontre avec la direction et le gouvernement.
Selon un projet attribué à Fiat et cité mercredi par les syndicats italiens et allemands, le groupe prévoirait de redimensionner l'usine de Pomigliano, de fermer celle de Termini Imerese (Sicile) ainsi que le site Opel de Kaiserslautern (ouest de l'Allemagne) et d'autres en Grande-Bretagne et en Autriche.
Fiat s'est toujours refusé à tout commentaire sur ce document. Le groupe avait en revanche démenti un autre projet cité par la presse allemande, selon lequel il voulait supprimer 18.000 emplois en Europe en cas de rachat d'Opel.
"Le silence est total. Ici, ce n'est pas comme en Allemagne où les syndicats sont associés à la gestion des entreprises. Nous sommes juste considérés comme des empêcheurs de tourner en rond", dénonce Ermes Naccari, ouvrier à Mirafiori.
Sergio Marchionne s'est engagé vendredi soir à faire "de son mieux pour garantir le plus possible d'emplois en Italie" et à rencontrer le gouvernement et les syndicats mais seulement une fois les discussions sur la reprise d'Opel achevées, alors que les syndicats souhaitent que la rencontre se tienne avant.
En milieu de cortège, Roberto Mastrosimone est venu de Sicile pour "défendre" l'usine de Termini Imerese, dont les ouvriers ont fait deux fois grève cette semaine contre une éventuelle fermeture.
"Malheureusement, nous sommes habitués. En 2002, Fiat avait déjà voulu fermer l'usine mais nous avons fait grève pendant deux mois et les avons contraints à ne pas le faire", rappelle-t-il, avant de promettre de nouvelles actions.