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Alors que la grève à Radio France a été reconduite, mercredi, pour le 22e jour consécutif, le gouvernement a accentué sa pression sur le PDG Mathieu Gallet. Ce dernier refuse toute "médiation" extérieure et affirme qu'il "ne lâchera rien".

La pression s'est accentuée, mercredi 8 avril, sur le PDG de Radio France Mathieu Gallet, avec l'intervention de la ministre de la Culture Fleur Pellerin, qui doit annoncer "très rapidement" des "décisions" face à un conflit qui a "trop duré". "Je recevrai les parties prenantes très rapidement et, très rapidement, je ferai connaître les décisions que je prendrai pour renouer le dialogue social", a déclaré la ministre de la Culture d'un ton ferme devant les députés.

Resté discret depuis le début du conflit, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui a nommé Mathieu Gallet en mai 2014, a appelé "l'ensemble des parties" à mettre en oeuvre une "médiation". Une solution posée par les syndicats comme préalable à la sortie de la grève, mais écartée pour l'instant par Mathieu Gallet, qui envisage simplement le recours à des experts extérieurs.

Après l'échec d'une rencontre entre la direction et les représentants syndicaux mercredi, la grève - la plus longue qu'ait connue la radio publique depuis mai 68 - a été reconduite de 24 heures, pour le 22e jour consécutif.

Le comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire où le patron de Radio France devait présenter mercredi son plan stratégique comprenant notamment quelque 300 suppressions d'emplois a tourné court, les syndicats grévistes ayant décidé de quitter la séance, après une déclaration préalable.

Une attitude critiquée par Mathieu Gallet, qui s'est dit "toujours disponible pour que les négociations sur la levée de la grève se poursuivent".

Canardé par le "Canard"

Un peu plus tôt dans la journée, face aux députés de la Commission des affaires culturelles, le PDG de Radio France avait farouchement défendu son projet et minimisé le conflit social qui perturbe l'antenne depuis trois semaines.

"J'ai encore quatre ans de mandat et pendant quatre ans, je ne lâcherai rien sur mes convictions", a-t-il lancé devant les parlemnataires. Il a défendu pied à pied ses orientations, à commencer par le développement du numérique, le rajeunissement des audiences et l'extension du réseau des radios locales de France Bleu.

"Je vais continuer sur ce projet, le défendre, le mettre en place avec les collaborateurs", a-t-il martelé. "Toute la maison de la Radio devra porter ces efforts".

Quant aux critiques sur ses relations avec le personnel, il a reconnu qu'il n'était "pas quelqu'un de très expansif". Mais "je sais serrer la main et dire bonjour, y compris dans les ascenseurs", a-t-il affirmé. Et d'écarter toute critique sur l'embauche de consultants à l'INA et à Radio France, révélée par "Le Canard enchaîné".

"Ca fait quatre semaines que Le Canard me canarde", a-t-il déploré, en dénonçant "un certain nombre d'allégations qui se rapportent à l'INA que j'ai quitté il y a un an, sur des contrats qui datent d'il y a quatre ans".

"Il y a des contrats qui datent d'avant mon arrivée, qui datent d'Emmanuel Hoog", ancien PDG de l'INA et actuel président de l'AFP, s'est défendu Mathieu Gallet, citant un seul contrat avec le cabinet Euro RSCG datant, selon lui, de 2008.

Selon "Le Canard", "j'ai dépensé un million d'euros en quatre ans en conseils de communication. Grosso modo, c'est un conseil coiffure et maquillage", a-t-il ironisé. "Moi, je défends qu'on a besoin d'expertises externes", a encore soutenu Mathieu Gallet, reprochant à l'hebdomadaire satirique de mélanger plusieurs types de contrats.

Des réductions d'effectifs

Côté grévistes, le climat reste très tendu. Pendant l'audition du PDG, qu'ils ont en partie suivie en direct, les syndicats ont publié un communiqué intitulé : "Ne rien lâcher".

"On a besoin d'un dialogue social et ce n'est pas en disant 'Je ne lâcherai rien' qu'on le fait", a critiqué le représentant de l'Unsa, Philippe Ballet.

Le plan stratégique est censé assainir les comptes du groupe de 4 600 salariés, en déficit de 21,3 millions d'euros cette année, en raison d'une stagnation des dotations publiques, alors que les charges augmentent.

Un redressement financier qui passe par des réductions d'effectifs, l'arrêt des ondes longues et moyennes, la création de webradios et une refonte de France Musique.

Il est ainsi prévu "une réduction nette d'effectifs de 250 à 330 équivalents temps plein", avec 300 à 380 départs volontaires dans tous les secteurs d'activité, en partie compensés par la création de 50 postes dans de nouveaux métiers.

Avec AFP
 

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