Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué l'assaut contre une université kényane, qui a fait au moins 15 morts. Cernés par les forces de police, des hommes armés détiennent toujours des étudiants en otages.
Au moins quinze personnes ont été tuées jeudi 2 avril dans l'attaque du campus de l'university College de Garissa, ville de l'est du Kenya située à environ 150 kilomètres de la frontière somalienne, où des hommes armés et masqués retiennent des étudiants en otages. Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué cet assaut au cours duquel une soixantaine de personnes ont été blessées.
"Le Kenya est en guerre avec la Somalie (...), nos hommes sont encore à l'intérieur et se battent. Leur mission est de tuer ceux qui sont contre les Shebab", a déclaré par téléphone à l'AFP un porte-parole du groupe islamiste, Cheikh Ali Mohamud Rage, revendiquant l'opération. "Quand nos hommes sont arrivés, ils ont relâché (...) les musulmans (...) nous détenons les autres en otages", a-t-il ajouté.
Attaque en cours des islamistes somaliens shebab contre l’université de Garissa - KENYA
La police a cerné le campus, et des militaires ont également pris position sur le site, où la fusillade a duré pendant plusieurs heures."Les assaillants sont entrés de force dans l'université de Garissa en tirant sur les gardes surveillant le portail d'entrée vers 05 h 30" (02 h 30 GMT) ce matin, et ont "ouvert le feu aveuglément à l'intérieur du campus", a expliqué le chef de la police kényane dans un communiqué.
Un membre des forces de l'ordre interrogé sur place a parlé d'un grand nombre d'otages. "On ne peut pas dire combien, mais il y en a beaucoup parce que c'était pendant les horaires de cours de la faculté."
Le ministère kényan de l'Intérieur a affirmé sur Twitter que "trois des quatre bâtiments" de la résidence universitaire avaient été "évacués", sans autre détail. "Les assaillants sont retranchés dans l'un des bâtiments et les opérations continuent" pour reprendre le contrôle du campus, a-t-il poursuivi.
La zone autour du campus, constitué d'un vingtaine de bâtiments et située à environ un kilomètre du centre-ville de Garissa, était totalement bouclée et les médias tenus à l'écart.
Une série d'attaques sanglantes
Selon une étudiante d'une faculté voisine de celle de l'University College interrogée par Reuters, les autorités avaient évoqué un risque d'attentat avant l'attaque. "Des étrangers avaient été repérés à Garissa, et on les soupçonnait d'être des terroristes", a-t-elle déclaré.
Les islamistes shebab ont multiplié les attentats sur le territoire kényan depuis 2011, jusqu'à Nairobi, et sur la côte du pays, assez touristique, notamment à Mombasa, principal port d'Afrique de l'Est.
Ils ont notamment revendiqué le spectaculaire assaut de septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (qui avait fait 67 morts) et une série de raids sanglants contre des villages de la côte kényane en juin-juillet 2014 (au moins 96 personnes froidement exécutées).
Les zones kényanes situées le long des quelque 700 km de frontière avec la Somalie – particulièrement les régions de Mandera et Wajir (nord-est) ainsi que celle de Garissa – sont le plus régulièrement la cible d'attaques.
Fin novembre, après que les Shebab eurent exécuté 28 passagers d'un bus – essentiellement des professeurs – près de Mandera, des syndicats de médecins, dentistes et professeurs avaient conseillé aux membres de leurs professions de quitter les zones frontalières de la Somalie tant que les autorités kényanes ne pourraient pas assurer la sécurité.
En février, quelque 200 professeurs travaillant dans la partie nord-est du Kenya avaient manifesté à Nairobi pour réclamer leur réaffectation, se disant "traumatisés" par les attaques récurrentes.
Avec AFP et Reuters