
L'organisation de l'État islamique (EI) a pénétré dans le camp palestinien de Yarmouk en s'emparant de la plus grande partie. Selon l'Organisation de libération de la Palestine(OLP), des combats se poursuivent.
Le camp palestinien de Yarmouk, situé dans le sud de Damas, est partiellement tombé aux mains de l'organisation de l'État islamique (EI). Les jihadistes se sont emparés mercredi 1er avril de la plus grande partie de ce quartier où vivaient avant la guerre des réfugiés palestiniens, nombre d'entre eux ont dû fuir violences et bombardements.
Le directeur des affaires politiques de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en Syrie, Anouar Abdel Hadi, qui a fait état de la prise du quartier par l'EI, a également précisé que des combats "se poursuivaient à l'intérieur avec des groupes armés".
Selon des témoins, les extrêmistes se seraient infiltrés à partir de la localité rebelle de Hajar al-Aswad, contiguë au camp. "Le camp de Yarmouk échappait déjà au gouvernement syrien, il était tenu par des milices palestiniennes anti-Assad et il y avait toujours une poche rebelle juste à côté dans le quartier de Hajar al-Aswad", rappelle Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO). "Visiblement l’EI était déjà implanté dans ce quartier, car ce qui est le plus plausible c’est que les groupes rebelles qui y étaient déjà présents ont fait allégeance à l’EI avant que l’organisation n’en revendique la prise", poursuit le chercheur estimant par ailleurs que cette prise ne signifie pas un tournant dans le conflit.
"On sait que l’EI, dans sa quête d’hégémonie sur les autres groupes rebelles, cherche à s’implanter dans la région de Damas : ils ont envoyé des émissaires pour demander aux combattants islamistes de faire allégeance, explique-t-il encore. Cela ne signifie pas pour autant qu’il vont essayer de faire tomber Damas, même si la capitale syrienne a une grande importance pour l’EI qui fait référence aux premiers temps de l’Islam (Damas est la première grande ville remportée lors des conquêtes islamiques)", observe le directeur du GREMMO. Selon lui, l’EI, qui tente de gagner du terrain dans la région de Hama également, a comme premier objectif de soumettre les autres groupes rebelles et de l’emporter sur le Front al-Nosra, fidèle à al-Qaïda. "Ils s’emparent de zones où ils peuvent avoir du soutien. Et ensuite ils réfléchiront à faire tomber Damas, là où leur présence dans les zones rebelles pourra leur servir de point d’appui", analyse Fabrice Balanche.
Le camp de Yarmouk, le plus grand des camps palestiniens de Syrie, comptait près de 160 000 habitants syriens et palestiniens avant le début de la guerre en Syrie, il y a quatre ans, contre seulement 18 000 personnes actuellement.
En février 2014, les groupes rebelles syriens s'étaient retirés du camp à l'issue d'un accord avec les organisations palestiniennes armées anti-régime.
Les habitants souffrent de pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments en raison d'un siège presque total imposé depuis plus d'un an par le régime.
L'émergence de l'EI dans le conflit syrien a compliqué la donne, car si le groupe extrémiste considère le régime de Damas comme son ennemi, il combat également tous les groupes rebelles, dans sa quête d'hégémonie territoriale.
Avec AFP