
Du 25 mars au 13 juillet, le Grand Palais présente à Paris la première rétrospective de Velázquez. L’exposition comprend une cinquantaine de toiles, un nombre réduit mais qui constitue déjà un exploit tant ses œuvres sont convoitées.
Difficile de rassembler les œuvres d’un génie qui a peu peint et que les musées gardent jalousement. Le Grand Palais de Paris a pourtant relevé le défi et présente depuis le mercredi 25 mars et jusqu’au 13 juillet une cinquantaine d’œuvres du maître espagnol, Diego Rodriguez de Siva y Velázquez (1599 – 1660), dans l'exposition "Velázquez et le triomphe de la peinture espagnole".
Entre les œuvres disparues et celles déclassées après avoir été trop facilement attribuées au maître, il ne reste qu’"entre 120 et 130 tableaux", certains faisant encore l'objet de discussions entre experts, explique Guillaume Kientz, 35 ans, commissaire de l'exposition.
Pour obtenir l'emprunt de certaines œuvres, ce dernier a dû accepter en échange des prêts de la part du Louvre, où il est chargé des collections ibériques. La National Gallery de Londres a par exemple envoyé la mystérieuse "Vénus au miroir", seul nu du peintre, mais recevra en contrepartie "Le Christ" du Greco.
Contact avec le caravagisme
Au cours de sa carrière, Velázquez a peint les puissants mais aussi les nains, les bouffons ou d'autres artistes, et, inspiré par leur liberté de ton, il s'est livré à des expérimentations impensables avec l'image des souverains espagnols.
Le peintre a été formé dès l’âge de douze ans dans l'atelier du peintre sévillan Francisco Pacheco, animateur d'une académie réunissant les meilleurs esprits de la ville. Lors d’un voyage à Madrid, Velázquez entre en contact avec le caravagisme, venu d'Italie, "qui adoucit son naturalisme très trivial, violent" et rend sa peinture "plus poétique", souligne Guillaume Kientz. Devenu peintre du roi à Madrid, il rencontre Rubens qui persuade Philippe IV d'envoyer le jeune artiste en Italie.
Peu de choses sont connues de la vie personnelle de l’artiste. Guillaume Kientz raconte que Velázquez épousa à 19 ans la fille de son maître Francisco Pacheco, qui avait très vite détecté les qualités remarquables de son élève. "On sait qu'il aimait les beaux habits, qu'il était très élégant, qu'il avait une bibliothèque fournie", notamment en ouvrages d'architecture et scientifiques. "C'était sans doute un esprit subtil", relève encore le commissaire de l’exposition.
Le roi d'Espagne Felipe et sa femme Letizia, qui ont annulé mardi 24 mars leur première visite d'État en France en raison du crash de l'avion Germanwings, devaient se rendre au Grand Palais afin d'inaugurer l'exposition aux côtés de François Hollande.
Avec AFP