Ils devaient participer à une émission de télé-réalité en Argentine aux côtés d'autres anciens sportifs. Les médaillés olympiques Camille Muffat et Alexis Vastine, respectivement âgés de 25 et 28 ans, ont disparu lundi. Portraits.
Le monde du sport français est endeuillé au lendemain de la mort de trois anciens sportifs, lundi 9 mars, dans un crash d’hélicoptère en Argentine, où ils participaient à une émission de téléréalité, "Dropped".
Parmi les victimes, la navigatrice Florence Arthaud, mais aussi la nageuse Camille Muffat et le boxeur Alexis Vastine, tous deux médaillés olympiques.
Camille Muffat, la championne qui a raccroché à 24 ans
Discrète, Camille Muffat avait été révélée au grand public en 2005 par un coup d’éclat qui avait fait grand bruit : lors des championnats de France, elle bat Laure Manaudou sur le 200 mètres 4 nages, la championne incontestée des Bleus. Une aubaine qui deviendra un fardeau pendant deux ans.
"Je n'étais pas du tout prête à ça. Du fait que c'était Laure, tous les médias se sont emballés. C'était difficile d'être comparée tout le temps à elle. On la montait contre moi, j'avais trois ans de moins, je me disais qu'un jour elle allait m'insulter !", s'était souvenue la jeune femme aux longs cheveux blonds en 2012.
En 2010, Camille Muffat fait le choix de se mettre au crawl et là tout s'emballe, les médailles affluent. En 2012, elle est couronnée par l’or olympique aux jeux de Londres sur le 400 m libre et décroche aussi l'argent sur 200 m libre et le bronze sur le relais 4x200 m libre.
Des victoires qui ont fait d’elle une grande championne de la natation françaises. Et pourtant en juillet dernier, à la stupéfaction générale, elle a annoncé sa retraite sportive à l'âge de 24 ans seulement, lassée par les longues heures d'entraînement dans les bassins.
Son histoire avec la natation a commencé à Nice. C'est là que Camille Muffat est née, a grandi et a découvert la natation à 7 ans. Durant toute sa carrière, elle n'a jamais quitté l'Olympique Nice Natation et celui qui l'a prise sous sa coupe alors qu'elle avait 15 ans, Fabrice Pellerin. Elle avait cependant avoué l'an passé qu'un différend avec son entraîneur avait été l'un des éléments déclencheurs de sa retraite sportive.
Après avoir quitté les bassins, elle disait vouloir profiter de sa vie de couple avec son compagnon, un ancien nageur passé au golf.
Égérie d'un grand coiffeur, Camille Muffat n'avait pas envisagé sa reconversion mais ne cela ne l'inquiétait guère: "Je ne sais pas ce que je veux faire mais je pense pouvoir me débrouiller après pour faire quelque chose qui me plaît."
Alexis Vastine, le boxeur maudit des JO
Ses larmes aux JO de Pékin puis de Londres avaient ému la France du sport : Alexis Vastine, décédé à 28 ans lundi dans un accident d'hélicoptère en Argentine, était considéré comme un boxeur maudit après ses deux terribles désillusions olympiques.
À Londres en 2012, Vastine avait été éliminé en quarts de finale du tournoi des moins de 69 kg par l'Ukrainien Taras Shelestiuk, sur décision des juges. Malchance incroyable, il avait déjà perdu en demi-finales aux Jeux de 2008 face au futur champion olympique, le Dominicain Felix Diaz, après une décision d'arbitrage controversée.
"Je ne pensais pas que ça arriverait une seconde fois. Je ressens de l'injustice, un gros ras le bol", avait confié à des journalistes le boxeur aux mèches blondes. "Je dis clairement, c'est de la politique, ce n'est pas du sport", avait-il pesté
Médaillé d'argent au Championnat d'Europe amateur à Moscou en 2010, éliminé par deux fois aux Mondiaux (2009 et 2011) au stade des huitièmes de finale, Vastine, poids welter élégant au physique de jeune premier, avait obtenu ses plus beaux succès lors des Championnats du monde militaires qu'il avait remportés à quatre reprises (2008, 2010, 2011, 2014).
Natif de Pont-Audemer (Eure), Alexis était le fils d'Alain Vastine, vice-champion de France amateur. Il était également le frère d'Adriani, médaillé de bronze de l'Euro-2011.
"Son but ultime était de devenir champion olympique et il se préparait pour Rio-2016", a déclaré lundi soir à l'AFP Brahim Asloum, seul boxeur français à avoir été sacré champion du monde et champion olympique, à Sydney en 2000.
Avec AFP