Répondant à l'appel du collectif "Parité et démocratie", des dizaines de milliers de femmes marocaines ont défilé dimanche à Rabat pour réclamer plus de parité dans le pays et dénoncer les propos sexistes du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane.
Ses propos avaient choqué les Marocaines, l'été dernier. Le 17 juin 2014, le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, également chef du parti islamiste Justice et Développement (PJD), avait livré sa vision plutôt archaïque de la femme. "Les femmes qui travaillent ne trouvent plus le temps de se consacrer à leurs enfants et à leur famille", avait-il déclaré avant d'ajouter : "C'est une faute".
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Neuf mois plus tard, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, des milliers de Marocaines, qui n'ont pas oublié les propos de leur Premier ministre, sont descendues dans les rues de la capitale, Rabat, pour dénoncer ces propos rétrogrades. "Par cette marche, nous voulons prouver au monde que les femmes marocaines sont des militantes, qui n'hésitent pas à répondre présent sur le terrain", a déclaré Amina Sabil, l'une des organisatrices, membre du collectif "Parité et démocratie".
"Nous dénonçons le recul enregistré dans le domaine des droits des femmes ces dernières années", a pour sa part clamé la présidente de la Fédération de la ligue démocratique pour les droits des femmes, Fouzia Assouli, citée par l'agence MAP.
Une "égalité des droits" bien trop lente
Cette responsable a évoqué les différentes problématiques qui touchent les Marocaines : le mariage des mineures - en forte augmentation au cours de la décennie écoulée avec plus de 30 000 cas par an -, les violences conjugales ou encore la précarité sociale.
Selon des chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP), près d'une Marocaine sur deux (45,7 %) est analphabète et près de deux sur trois (62,8 %) sont victimes de violences.
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Adopté dans le contexte du Printemps arabe, la Constitution de 2011 consacre pourtant "l'égalité des droits" et exhorte l'État à "oeuvrer pour la parité" à travers la mise en place d'une instance spéciale. Si le gouvernement, emmené par les islamistes du PJD, a récemment qualifié d'imminente l'adoption du projet de loi créant cette instance, des ONG jugent la mise en œuvre de la nouvelle Constitution bien trop lente.
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Avec AFP