Élue miss Turquie en 2006, Merve Buyuksarac risque jusqu’à quatre ans de prison pour avoir partagé sur son compte Instagram un poème comportant des insultes contre le président Recep Tayyip Erdogan.
Merve Buyuksarac, 26 ans, a été couronnée miss Turquie en 2006. Aujourd’hui, elle fait face à une procédure judiciaire qui pourrait aboutir à quatre ans d’emprisonnement. La justice turque reproche à la jeune femme d’avoir publié sur son compte Instagram une version de l’hymne national turc contenant des insultes contre le président Recep Tayyip Erdogan. L’avocat du chef de l'État avait porté plainte en novembre 2014.
La jeune femme a admis aux enquêteurs avoir partagé une partie d’un texte intitulé "Master’s Poem" et publié dans l’hebdomadaire satirique turc "Uykusuz". Présentée à la justice et brièvement emprisonnée en janvier, Merve Buyuksarac avait déclaré qu’elle n’avait pas souhaité insulter le président. "Je n’ai pas écrit l’adaptation, je l’ai juste partagée parce que je la trouvais amusante", a-t-elle ajouté. Elle avait d'ailleurs rapidement supprimé le texte de son compte après que ses amis l’avaient avertie que ce poème risquait de lui attirer des ennuis.
Les procureurs ont jugé que le partage de ce poème n’entrait pas dans "le cadre de la liberté d’expression" et outrepassait "les limites de la critique" en "humiliant" le président Erdogan.
Arrestations et poursuites judiciaires en hausse
L’arrestation de Merve Buyuksarac est le dernier épisode d’une série d’actes répressifs contre la liberté d’expression et la liberté de la presse en Turquie depuis l’élection de Recep Tayyip Erdogan à la tête de l’État, le 10 août 2014.
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Le 24 décembre 2014, un adolescent de 16 ans avait été inculpé et incarcéré à Konya, une ville du centre de la Turquie, pour "insultes au président". Libéré le 26 décembre, il doit être présenté à un tribunal le 6 mars pour répondre de cette accusation. Membre d’un mouvement de gauche, l’adolescent est accusé d’avoir désigné dans un discours Recep Tayyip Erdogan comme "le chef du vol, des pots-de-vin et de la corruption".
Par ailleurs, plusieurs opposants et journalistes ont été arrêtés et accusés d’insultes et de diffamation à l’encontre du président ces derniers mois. Le 14 décembre 2014, une vingtaine de personnes accusées de soutenir les thèses du dignitaire musulman en exil Fethullah Gülen ont été arrêtées lors de la perquisition de la police dans plusieurs médias.
Avec AFP