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Valls assume un acte "d'autorité" pour le passage en force sur la loi Macron

Manuel Valls, qui a engagé mardi la responsabilité de son gouvernement pour faire adopter la loi Macron, a justifié son passage en force par sa "très grande détermination" à réformer le pays et par le besoin d’autorité des Français.

Manuel Valls ne veut "pas perdre du temps avec ceux qui ont d'autres objectifs" que l'intérêt des Français. C'est en ces termes que le Premier ministre, invité du journal télévisé de 20 heures de TF1, a justifié, mardi 17 février, sa décision d'engager la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi Macron. Selon l'article 49-3 de la Constitution, le texte sera adopté si une motion de censure est rejetée. Si elle est acceptée, le gouvernement devra démissionner.

"La France a besoin d’autorité" a souligné le Premier ministre pour expliquer qu’il ne pouvait pas "jouer aux dés" un texte "plébiscité" par les Français et "utile" pour le redressement du pays. Le chef du gouvernement a estimé que le Parlement  était "allé jusqu’au bout du débat". "Je ne pouvais pas me permettre qu'il y ait un échec ce soir. Vous avez parlé d'échec, non. L'échec, ça aurait été si le texte avait été rejeté. C'est pour cela que j'ai engagé ma responsabilité", a-t-il plaidé.

"Vous croyez qu'un seul instant moi je vais perdre du temps avec ceux qui ont d'autres objectifs qui n'ont rien à voir avec l'intérêt général ?", a-t-il demandé à l'adresse des frondeurs du PS. "Chacun peut comprendre ma très grande détermination (...) à poursuivre les réformes, parce qu'il en va de l'intérêt du pays, et de ce que les Français attendent : que le gouvernement agisse, ne perde pas du temps dans des débats stériles".

"J'ai du carburant pour continuer, et personne ne peut douter de ma détermination, de celle du président de la République, de celle du gouvernement. Nous continuerons les réformes, jusqu'au bout, jusqu'en 2017", a affirmé Manuel Valls, alors que nombre de voix pointent "l'impuissance" du gouvernement.

Un recours décidé in extremis

Plus tôt dans l’après-midi, Manuel Valls avait annoncé sa décision de recourir à l'article 49-3 de la Constitution devant les députés, arguant qu’il ne voulait pas prendre "le risque d'un rejet" du texte. Il a estimé qu'une majorité existait "vraisemblablement" au sein de l'Assemblée nationale, mais jugé qu'elle était "incertaine".

Sur TF1, Manuel Valls a défendu ce choix avec l'argument que la France "a besoin d'autorité", jugeant que son ministre de l'Économie Emmanuel Macron avait "bien travaillé". Les Français, a-t-il plaidé, veulent que le gouvernement soit "à la hauteur" et s'occupe "des vrais problèmes des Français : leur sécurité, mais aussi le chômage, l'emploi des jeunes, l'économie, la vie des entreprises".

Une motion de censure contre le gouvernement a été déposée par le groupe UMP, auquel s'est associé le groupe UDI, et devrait être débattue jeudi soir. Pour être adoptée, une motion de censure doit recueillir les voix de la majorité absolue des députés, qui sont actuellement 576 (un siège étant vacant). Or, l'Assemblée compte 341 élus de gauche, toutes tendances confondues (socialistes, Front de gauche, radicaux de gauche, écologistes, divers gauche).

Il n'est pas envisageable que des députés de gauche, même ceux opposés au projet de loi Macron, puissent ainsi voter une motion rédigée par l'UMP. Seuls seront en effet recensées les voix favorables à la motion, sans distinction entre les contre, les abstentions ou la non-participation au vote.

L'article 49-3 n'avait plus été utilisé depuis Dominique de Villepin avec le Contrat première embauche en 2006. Il ne peut être utilisé que sur un projet de loi budgétaire, ou, une fois par an seulement, sur un autre texte comme la loi Macron.

En 2006, François Hollande, alors à la tête du PS, avait décrit le recours à l'article 49-3 comme "une brutalité" et "un déni de démocratie".

Avec AFP et Reuters