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En vigueur depuis plus de dix ans, le couvre-feu nocturne imposé à la capitale irakienne a été levé samedi à minuit pour prôner "un retour à la vie normale". Les Bagdadis ont célébré jusque tard dans la nuit la fin de cette restriction.

Ils peuvent désormais flâner dans les rues de la capitale irakienne après minuit, sans crainte d’être arrêtés. Dans la nuit de samedi à dimanche, les Irakiens ont laissé éclater leur joie pour célébrer la fin du couvre-feu à Bagdad, en vigueur depuis 2004. En flânant dans les cafés et restaurants, en parcourant les rues de la capitale à bord de leur voiture, ou encore en agitant le drapeau national, les Bagdadis ont fêté jusque tard dans la nuit cette liberté retrouvée.

"Longue vie à l'Irak", a crié un jeune homme accroché à la portière d'une voiture. "Avant, on avait l'impression d'être en prison", a expliqué Faez Abdulillah Ahmed, propriétaire d'un café sur Karrada Dakhil, une importante artère commerçante de Bagdad. "[Avant], nous aurions dû partir à 23h30 pour être rentrés à minuit". Devant l’établissement, des hommes tirent tranquillement sur leurs pipes à eau. Un peu plus loin, devant un magasin de vêtements, des jeunes gens discutent en fumant des cigarettes.

Les cafés et restaurants, qui sont restés ouverts après minuit, espèrent surtout une hausse de leur activité. Un peu partout dans la ville, les habitants ont fait vrombir leurs moteurs, et ont fait cracher la musique de leurs haut-parleurs, devant le regard nonchalant des forces de sécurité. Des familles entières sont aussi descendues dans les rues pour se promener.

L'inefficacité du couvre-feu

Ce couvre-feu nocturne en vigueur depuis des années - de minuit à 5 h du matin - , a été levé samedi 7 février. Il avait été établi afin de freiner les violences particulièrement meurtrières du milieu des années 2000. Mais son efficacité n’a jamais été probante. Il n'a jamais empêché les attentats, commis le plus souvent la journée ou juste en début de soirée pour faire encore plus de victimes.

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Le Premier ministre Haider al-Abadi a donc ordonné cette mesure, afin que "la vie soit aussi normale que possible bien que [le gouvernement] soit engagé dans une guerre". Les attentats-suicides sont généralement le fait d'extrémistes sunnites, dont ceux du groupe jihadiste de l’organisation de l’État islamique (EI).

Zones démilitarisées

Le chef du gouvernement a également demandé que les rues importantes de la capitale soient rouvertes "afin de faciliter le mouvement des citoyens" et que les quartiers d'Azamiyah et Kazimiyah, dans le nord de Bagdad, soient des "zones démilitarisées". Les barrages de l'armée et de la police à travers Bagdad causaient d'énormes embouteillages, ce qui exaspèrait nombre d'habitants de la capitale.

Samedi, quelques heures avant la fin la levée du couvre-feu, une attaque kamikaze a fait 23 morts et une quarantaine de blessés dans un restaurant du quartier Bagdad al-Jadida. Qu’importent les risques, les habitants savourent cette liberté de mouvement. "Nous attendions cette décision depuis des années", lance Marwan Hashem, le propriétaire d’un commerce.

Walid al-Tayyib se promène ainsi sur Karrada Dakhil avec son jeune neveu, ce qu'il ne pouvait pas faire il y a encore 24 heures. "Ce que nous ressentons aujourd'hui ? Nous ressentons tous la différence", déclare-t-il. "Maintenant, Dieu merci, nous sortons avec les enfants et nous profitons de la vie".

Avec AFP