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La session de flagellation du blogueur saoudien Raif Badawi pour "insulte à l'islam", prévue vendredi, doit de nouveau être reportée sur avis médical, selon Amnesty international. L'organisation appelle à maintenir la pression sur les autorités.
Le blogueur saoudien Raif Badawi pourrait échapper une nouvelle fois à sa deuxième séance de flagellation, prévue vendredi 23 janvier, pour raisons de santé selon Amnesty International. L'organisation s'appuie sur les préconisations d'une commission médicale, composée de huit médecins, qui a examiné le bloggeur de 31 ans, jeudi, dans un hôpital de Jeddah.
Le blogueur, animateur du site internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF), emprisonné depuis 2012, a notamment été condamné à 1 000 coups de fouets, à raison de 50 coups hebdomadaires, répartis sur 20 semaines, pour "insulte à l’Islam". La semaine dernière, la flagellation avait déjà été reportée car les plaies de la première séance n'avaient pas cicatrisées, selon son épouse.
"Mais il n'y a aucun moyen de savoir si les autorités saoudiennes vont ignorer cet avis médical et ordonner la poursuite de la flagellation", précise toutefois dans un communiqué Saïd Boumedouha, directeur adjoint d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
"Il est important de maintenir la pression publique"
Depuis le 9 janvier, jour de la première session de coups de fouet, et l’émotion suscitée par le châtiment, la mobilisation citoyenne prend de l’ampleur pour venir en aide au jeune père de trois enfants. À l’instar de "Je suis Charlie", le hashtag "Je suis Raif" inonde Twitter et les réseaux sociaux. Plusieurs pétitions pour la libération du blogueur circulent également, lancées par diverses ONG. Pour Nicolas Krameyer, responsable du programme personnes en danger et liberté d’expression à Amnesty international, tout cela n’est pas vain. "La mobilisation citoyenne, notamment, sur les réseaux sociaux peut influer", assure le défenseur des droits humains, qui en voit déjà les effets et explique que "l’Arabie n’aime pas être mise sous le feux des projecteurs".
D’après lui, plusieurs signes montrent ainsi que "les lignes bougent". "Le report de la flagellation une première, et peut-être une seconde fois, confirme déjà la cruauté du châtiment, et on sait également que le cas de Raif Badawi a été transféré à la Cour suprême qui doit rendre un avis le concernant", énumère-t-il pour France 24. La procédure pourrait en effet ouvrir la voix à un recours en appel. "Il est très important de maintenir la pression publique, notamment sur Twitter, sur les autorités saoudiennes", assène-t-il. "Ce qu’on attend également, c’est que des puissances occidentales se prononcent clairement pour la libération du blogueur, ce qui pourrait vraiment influer sur les autorités saoudiennes". Sur son site internet, l’ONG indique "4 façons d’agir pour aider Raif Badawi". Deux d'entre elles proposent d'interpeller les autorités saoudiennes via Twitter, et d'exiger de la France qu’elle prenne position.
Amnesty International qui a évoqué une peine d’une " inhumanité scandaleuse ", a appellé en outre à un rassemblement vendredi 23 janvier à midi devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Paris, en faveur de la liberté d’expression dans le royaume.
Condamnation internationale
Car pour l’heure, les autorités saoudiennes ont semblé sourdes aux appels répétés à la clémence de la communauté internationale. La veille de l’exécution de sa sentence, Washington avait bien tenté de se porter au secours du jeune homme dont l’épouse et les enfants vivent au Québec depuis deux ans. Le département d'État américain s'était ainsi insurgé dans un communiqué contre une "punition inhumaine"."Le gouvernement des États-Unis appelle les autorités saoudiennes à annuler cette punition brutale et à réexaminer le dossier de Badawi et sa condamnation", avait insisté la porte-parole de la diplomatie américaine, Jennifer Psaki. Mais malgré les liens qui existent entre les les deux pays, l’appel est resté lettre morte.
L’Union européenne a également jugé cette condamnation "inacceptable". Le 15 janvier, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a, de son côté, exhorté le roi d'Arabie saoudite à offrir le pardon au jeune blogueur. Selon lui, la flagellation "constitue une forme de châtiment cruel et inhumain. Une telle punition est interdite par le droit international des droits de l'Homme, notamment par la Convention contre la torture que l'Arabie saoudite a ratifié".