Au lendemain des manifestations contre "Charlie Hebdo" qui ont fait cinq morts à Niamey, l'opposition nigérienne a bravé l'interdiction de défiler, dimanche. Quatre-vingt-dix personnes ont été arrêtées, dont des figures de l'opposition.
Quatre-vingt dix militants de l'opposition ont été arrêtés, dimanche 18 janvier au Niger, après une manifestation interdite de l'opposition à Niamey, a annoncé le gouverneur de la capitale. "Dimanche, fort heureusement, on ne déplore aucun blessé ni aucun mort, mais nous avons par contre interpellé 90 manifestants", a déclaré Hamidou Garba, sans plus de précision quant à l'identité de ces personnes, sur la télévision d'État "Télé Sahel".
Les interpellés sont au nombre de 91, dont une quinzaine de femmes, a affirmé Bakari Seydou, un député du Mouvement démocratique nigérien (Moden), le parti de l'ex-président du Parlement Hama Amadou, en fuite en France après avoir été accusé d'implication dans un trafic international présumé de bébés.
"Plusieurs figures" de l'opposition "sont arrêtées et gardées à la police", selon des radios et télévisions locales. Ousseini Salatou, le porte-parole de l'opposition, a été interpellé à son domicile dimanche à 1 h du matin, soit avant le début de la marche, a affirmé Bakari Seydou. Les arrestations ont été confirmées par le Mouvement national pour la société de développement (MNSD), le principal parti de l'opposition.
Échauffourées entre police et manifestants
La police nigérienne a tiré des gaz lacrymogènes dimanche pour disperser un petit groupe de manifestants de l'opposition réunis à Niamey malgré l'interdiction des autorités, au lendemain d'émeutes anti-"Charlie Hebdo" qui ont fait cinq morts dans la capitale. Les manifestants ont riposté en jetant des pierres sur les policiers et en brûlant des pneus. La situation est rentrée dans l'ordre au bout de quelques heures.
"Notre manifestation allait être pacifique, nous avons fait une demande qui a été accordée", a protesté Seini Oumarou, président du MNSD et chef de file de l'opposition, sur la télévision privée Ténéré. Interrogé sur un lien éventuel entre leur manifestation et celle de la veille contre "Charlie Hebdo", Seini Oumarou a répondu : "Ce sont deux choses totalement différentes qui n'ont rien à voir", "notre manifestation est prévue de longue date."
"Il s'agit pour l'opposition de déstabiliser le régime", a commenté Sanoussi Jackou, un conseiller du chef de l'État sur une télévision locale. "L'intention malveillante est celle d'écourter le régime dans n'importe quelle condition", a-t-il estimé.
Avec AFP