logo

Mark Bertolini, PDG du géant américain de l’assurance Aetna, a décidé d’augmenter de 33 % le salaire de ses employés les moins bien payés. Il assure avoir été convaincu par les thèses du livre "Le Capital au XXIe siècle" de Thomas Piketty.

Les salariés d’Aetna, un géant américain de l’assurance, peuvent remercier Thomas Piketty. C’est en lisant “ Le capital au XXIe siècle”, le best-seller de l’économiste français, que Mark Bertolini, le PDG de ce groupe qui compte 48 600 employés dans le monde, a décidé d'accorder une substantielle augmentation à une partie d'entre eux, mardi 12 janvier.

“Il ne s’agit pas simplement de mieux payer les gens, mais de tout le pacte social. Pourquoi le secteur privé ne pourrait-il pas montrer l’exemple ?”, affirme au “Wall Street Journal” Mark Bertolini.

Tous les employés de son groupe ne sont pas concernés par cette augmentation. Aetna a décidé de relever, en moyenne, de 11 % la rémunération de 5 700 personnes. Les plus bas salaires profiteront d’une hausse de 33 % et seront ainsi payés 16 dollars de l’heure au lieu de 12.

Réduire le renouvellement du personnel

Cette décision n’est pas économiquement indolore pour l’entreprise. Elle devrait coûter 14 millions de dollars (environ 12 millions d'euros) en 2014 et 25,5 millions (22 millions d'euros) en 2016, rappelle le site francetvinfo.fr.

Pour faire passer la pilule auprès des autres dirigeants du groupe, Mark Bertolini leur a recommandé la lecture de l’ouvrage de Thomas Piketty qui traite des inégalités de revenus. Mais il a également avancé des justifications économiques plus terre à terre. Il espère, ainsi, réduire de 120 millions de dollars le coût du renouvellement du personnel au sein de la société.

Un problème d’autant plus pressant qu’avec l’amélioration de la situation économique aux États-Unis, les salariés mécontents “ont davantage d’endroits où chercher du travail”, juge Mark Bertolini. Pour rester compétitif, il conviendrait donc d’améliorer les conditions de travail des employés.

Gap et Walmart aussi

Aetna n’est pas la seule entreprise aux États-Unis à faire, actuellement, un effort salarial pour les moins bien payés. La marque de prêt-à-porter Gap et le géant de la grande distribution Walmart ont, également, ces derniers mois décidé d’aller en ce sens. Mais l’amélioration des rémunérations, dans ces enseignes, sont loin d’atteindre celles promises par Aetna.

Ce mouvement vers davantage d’équité salariale a probablement été favorisé par les débats autour des thèses de Thomas Piketty, mais il agitait déjà la société américaine avant la parution du livre. Barack Obama avait fait de l’augmentation du salaire minimum l’un de ses thèmes de prédilection en 2014. Le président américain a même signé, en février dernier, un ordre exécutif pour obliger les entreprises privées, qui travaillent pour une collectivité publique, à porter le salaire minimum à 10 dollars de l’heure au lieu de 7,25 dollars, dès 2015.