Au moins six personnes ayant assisté aux épisodes de Dammartin et de la porte de Vincennes ont eu la vie sauve en se cachant. Tapis à quelques mètres des terroristes, ils ont même pu communiquer des informations précieuses à la police.
Après la prise d’otages de la porte de Vincennes, à Paris, et l'assaut de Dammartin-en-Goële, en Seine-et-Marne, les premiers retours du procureur de Paris, François Molins, confirment l’importance du rôle joué par des individus qui, parce qu'ils étaient cachés dans les lieux des événements, ont pu communiquer des informations précieuses à la police.
Dans l'imprimerie de Dammartin, Lilian a eu la vie sauve en se réfugiant "sous un évier dans la salle de restauration" du second étage. Porte de Vincennes, au moins cinq personnes, dont un homme et son fils de 3 ans, se sont cachés dans la chambre froide du supermarché casher. Dans les deux cas, ces personnes ont aidé les forces de l'ordre.
"Choqué"
L'employé de l'imprimerie de Dammartin, un graphiste de 26 ans prénommé Lilian, est parvenu à surmonter sa peur pour ne pas se faire repérer "tout au long des évènements".
Par SMS, l'homme donne "des éléments tactiques, comme sa position à l'intérieur des locaux, à la cellule négociation" du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), l'unité d'élite chargée de l'opération, a expliqué une source proche de l'enquête.
Des renseignements d'autant plus utiles que l'homme a "pu entendre les deux suspects parler". Ce contact "a permis de le rassurer et de lui donner la conduite à tenir pour le plan d'assaut", a expliqué la source. Il communique également par texto avec un membre de sa famille, selon une autre source proche du dossier.
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À Dammartin, au moment de l'assaut des troupes d'élite, "simultanément à l'ouverture du feu, un véhicule blindé de la gendarmerie permet d'accéder à l'étage pour libérer" l'employé caché "en évitant d'éventuels piégeages" au rez-de-chaussée, selon une source proche.
Le graphiste de l'imprimerie, indemne, est pris en charge par les gendarmes et amené au quartier général. Il retrouve sa famille "assez rapidement" après l'assaut, a expliqué une autre source proche du dossier. Selon cette même source, le jeune homme "va bien" mais il reste "choqué".
Réfugiés dans la chambre froide
À 40 km de là, peu avant 13 h, Ilan va faire des courses dans son quartier avec son fils de 3 ans et demi. Ils se rendent à l'HyperCacher de la porte de Vincennes, en prévision du shabat, le jour de prière juif qui commence le vendredi soir.
C'est le moment où Amedy Coulibaly fait irruption dans l'épicerie et tire à la Kalachnikov. Le père et son fils vont se cacher dans la chambre froide, selon deux de leurs proches interrogés par l'AFP. Au moins trois autres personnes les accompagnent, selon plusieurs sources.
Ilan, la trentaine, enlève vite son blouson et le donne à son fils pour le protéger du froid. Avec les autres otages cachés, ils resteront dans la chambre froide pendant près de cinq heures.
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La mère d'Ilan, que l'AFP a rencontrée, sait très vite que son fils et son petit-fils sont cachés et décide de ne pas chercher à entrer en contact avec eux, même par texto, pour ne pas risquer d'attirer l'attention des assaillants. Mais le numéro d'Ilan est transmis aux forces de l'ordre.
Grâce à ce numéro, les policiers arriveront à localiser le portable d'Ilan et à savoir où le groupe s'est dissimulé dans l'épicerie. Ce renseignement a peut-être contribué à les épargner au moment de l'assaut des forces de l'ordre.
Avec AFP