Menacé de mort par un imam salafiste, l’écrivain Kamel Daoud a reçu le soutien de plusieurs artistes algérien. Ils ont lancé un appel aux autorités et aux médias pour revendiquer le droit à la liberté d'expression.
Près de 70 artistes algériens ont décidé de se mobiliser pour soutenir l’écrivain Kamel Daoud. En réponse à une fatwa lancée par un activiste salafiste contre le finaliste du dernier prix Goncourt, ils ont écrit une lettre ouverte, publiée lundi 22 décembre sur le site du journal "El Watan".
"Un homme appelle à tuer un autre homme, un intégriste appelle à tuer un artiste, un Algérien à tuer un autre Algérien. Cet appel est déjà un crime, [...] car il tue encore nos frères innocents morts dans les années 1990, tués par leurs propres frères", peut-on lire dans ce texte signé notamment par le musicien Amazigh Kateb, l’écrivaine Maïssa Bey ou encore la comédienne Adila Bendimerad.
Mi-décembre, sur sa page Facebook, l'imam salafiste Abdelfatah Hamadache Ziraoui avait appelé les autorités algériennes à condamner à la peine capitale le romancier et à l'exécuter en public. Il l'accuse de "mener une guerre contre Allah, son prophète, le Coran et les valeurs sacrées de l'islam". Cet appel fait suite à une intervention de Kamel Daoud dans une émission à la télévision française, où il avait critiqué le rapport des musulmans avec leur religion.
"Nous attendons une réponse réelle"
Pour les artistes signataires de la lettre ouverte, ces menaces sont inadmissibles et vont à l’encontre de la liberté d’expression. Ils demandent donc aux autorités d’agir : "Il faut décider que la terreur est définitivement finie : qu’en Algérie, on protège les Algériens, que le ministère de la Culture protège ses artistes, que le ministère des Affaires religieuses ne saurait tolérer un appel au crime au nom de l’islam, que le ministère de la Communication ne saurait accepter que les médias deviennent la tribune de la mort".
"Nous attendons une réponse réelle, un geste fort, un signe clair, une action cohérente, de votre part, pour faire halte à ce danger qui menace gravement les artistes et le pays", ont-ils ajouté.
Kamel Daoud avait expliqué à France 24 qu’il avait décidé de porter plainte pour menace de mort en Algérie, afin que cette affaire reste "algéro-algérienne", et qu’elle soit traitée par la justice et les services de sécurité de son pays. "J’ai déposé plainte, l’enquête est ouverte et elle suit son cours", a-t-il conclu.