Des millions de pèlerins musulmans chiites ont marqué, samedi à Kerbala, l'une des commémorations les plus importantes de leur calendrier religieux : l'Arbaïn. En raison des menaces d'attentat, un important dispositif de sécurité a été mis en place.
Défiant la menace d'attaques des jihadistes sunnites, des millions de pèlerins musulmans chiites ont afflué, samedi 13 décembre, à Kerbala, en Irak, pour commémorer l'Arbaïn, l'un des plus grands rassemblements religieux au monde. L'évènement marque la fin des 40 jours de deuil suivant l'anniversaire de la mort de l'imam Husseïn.
Une marée noire a envahi les rues de la ville sainte chiite et se pressait au mausolée du petit-fils du prophète Mahomet, dont la mort en 680 face aux troupes du calife Yazid a définitivement établi la rupture entre chiites et sunnites.
Les fidèles portaient des drapeaux noirs, rouges ou verts avec des images de l'imam ou des slogans religieux, se frappaient la poitrine, chantaient à l'unisson, pris dans une transe collective.
Le ministre irakien de la Défense Khaled al-Obeidi a avancé jeudi le chiffre, record selon lui, de 17,5 millions de personnes à Kerbala (110 km au sud de Bagdad), dont quatre millions d'étrangers venus de 60 pays.
Mais le pèlerinage a pris cette année une dimension plus politique, des pans entiers de territoire irakien étant tombés aux mains des jihadistes sunnites de l’organisation de l’État islamique (EI), qui considèrent les chiites comme des hérétiques.
Un acte de résistance contre l’EI
Après une attaque au mortier, qui a fait un mort vendredi près de Kerbala, le nombre de forces de sécurité dans la ville est passé de 15 000 à 40 000 hommes, selon le responsable des opérations de sécurité à Kerbala, le général Qais Khalaf Rahim.
"Oubliez les mortiers ! Même si les jihadistes pleuvaient sur Kerbala, ça ne nous empêcherait pas de nous rendre au mausolée de l'imam Hussein", a assuré Kadhem Hussein, 25 ans, venu à pied depuis Nasiriyah, à quelque 300 km de là.
"Les efforts de ces jihadistes sont vains car nous sommes tous venus à Kerbala prêts au sacrifice, en espérant devenir martyrs", a quant à lui affirmé Abdel Hussein Salem, un volontaire distribuant de la nourriture aux pèlerins à une des entrées de la ville.
Les leaders du gouvernement irakien, dominé par des chiites, et les autorités religieuses voient en ce pèlerinage un acte de résistance contre l'EI. De nombreux Iraniens ont par ailleurs expliqué être venus sur ordre du Guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
Alors que la communauté chiite est fréquemment la cible d'attentats meurtriers, l'Arbaïn n'a jusqu'à présent pas été endeuillé par des attaques majeures.
Avec AFP