Un attentat-suicide a été perpétré dans un lycée de Kaboul, qui abrite l'Institut français. Le kamikaze a actionné sa bombe dans l'auditorium du bâtiment lors d'une représentation. Il y a plusieurs morts et une vingtaine de blessés.
Un attentat-suicide dans l'enceinte du lycée Esteqlal de Kaboul, qui abrite également l'Institut français, a fait plusieurs morts et une vingtaine de blessés jeudi 11 décembre. Le Quai d'Orsay précise qu'il n'y a aucune victime française.
"Une cellule de crise est mise en place à Kaboul et à Paris. Toute la lumière devra être faite sur cet acte barbare, ses auteurs identifiés et traduits devant la justice",
a indiqué dans un communiqué Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.
L e ministre par intérim de l'Intérieur, Ayoub Salangi, a précisé que le terroriste était un adolescent d'environ 17 ans. Il a actionné sa veste d'explosifs à l'intérieur du bâtiment, dans l'auditorium, où une pièce de théâtre était représentée. " En prenant pour cible ce lieu de dialogue, c’est la culture et la création que les terroristes ont visées", a réagi le président français de la République, François Hollande.
La pièce dénonçait la violence
Le kamikaze a déclenché ses explosifs lors de la représentation de la pièce, "Battement de cœur, le silence après l'explosion", une pièce dénonçant justement les attaques-suicide et la violence en Afghanistan. Selon Shafigh Shargh, professeur d’université Kaboul et rescapé de l’attentat, contacté par France 24, entre 300 et 400 personnes se trouvaient dans la salle au moment de l'attaque.
"Nous avons tous été projetés au sol. Avec une cinquantaine de personnes, on est allé dans une autre pièce où on a voulu sortir par les fenêtres, mais elles étaient toutes condamnées. On a été forcé de repasser par la salle de spectacle. Il y avait énormément de poussière et de fumée. Le toit s’était effondré", raconte Shafigh Shargh.
"J’ai vu des corps démembrés et des dizaines de blessés. Puis les forces de sécurité sont arrivés pour quadriller les lieux. Dans les spectateurs, il y avait plusieurs étrangers mais je ne sais pas ce qui leur est arrivé", poursuit-il.
Le lycée de Massoud
Le centre culturel franco-afghan, installé à l'intérieur du complexe abritant le lycée franco-afghan Esteqlal, se trouve dans le centre stratégique de la capitale. Il jouxte le palais présidentiel et se trouve près de la Banque centrale d'Afghanistan, du ministère de l'Éducation et du lycée pour filles Malalai, également géré par l'ambassade de France.
Inauguré en 1968 par Georges Pompidou, alors Premier ministre, et financé par la France, le lycée Esteqlal a vu passer plusieurs générations d'écoliers afghans qui y ont appris le français. Le plus célèbre d'entre eux fut certainement Ahmad Shah Massoud, héros de la résistance afghane contre les Soviétiques et les Taliban. L'écrivain franco-afghan, Atiq Rahimi, lauréat du Goncourt en 2008, a également frequenté l'établissement.
"Ce lycée est une institution à Kaboul. Il est le symbole de la relation fraternelle entre la France et l'Afghanistan", explique à France 24 Denis Bouclon, proviseur du lycée entre 2002 et 2005, qui se dit "très étonné" de cette attaque. "Il faut cependant noter qu'environ 3 000 élèves circulent dans l'établissement quotidiennement, ce qui rend difficile de contrôler l'ensemble", poursuit-il.
Regain d'attentats à Kaboul ces dernières semaines
Plus tôt dans la journée un attentat-suicide contre un autobus militaire avait déjà tué six soldats, selon les autorités. Dans un bref message envoyé à de nombreux journalistes, les Taliban ont revendiqué cet attentat, qui intervient à un peu plus de deux semaines de la fin de la mission de combat de l'Otan en Afghanistan.
"Les Taliban veulent en profiter pour gagner du terrain et humilier l'Otan au moment où ses forces s'apprêtent à se retirer . Elles vont d'ailleurs laisser le pays dans un climat d'insécurité politique et économique propice aux attentats", explique James André, chroniqueur international à France 24.
Au cours des dernières semaines, les attentats sanglants se sont multipliés à travers l'Afghanistan, notamment à Kaboul. Fin novembre, les Taliban avaient même lancé une attaque contre une résidence occupée par une famille sud-africaine établie depuis douze ans dans le pays.