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Otages tués au Yémen : retour sur l'échec d'une opération de libération

Les otages américain Luke Somers et sud-africain Pierre Korkie, détenus par Al-Qaïda au Yémen, ont été tués samedi lors d'une opération de sauvetage américaine, menée conjointement avec le Yémen. Retour sur cette intervention.

L'intervention militaire s'est conclue de manière dramatique. Les otages américain Luke Somers et sud-africain Pierre Korkie, détenus par Al-Qaïda au Yémen, ont été tués, samedi 6 décembre, lors d'une opération de sauvetage menée par des forces spéciales américaines et yéménites.

L'opération a été lancée moins de 24 heures avant l'expiration d'un ultimatum d'Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa). Le groupe menaçait, jeudi, de tuer Luke Somers, si Washington ne répondait pas à des exigences non précisées.

Luke Somers, un photojournaliste de 33 ans, avait été enlevé en septembre 2013 à Sanaa. Pierre Korkie, 57 ans, un enseignant sud-africain à la santé fragile, était retenu par le groupe extrémiste sunnite depuis le 27 mai 2013.

La mission était "extrêmement dangereuse et compliquée", a indiqué le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel. Durant l'opération à Noussab, l'un des fiefs d'Al-Qaïda dans le sud-est du Yémen, plusieurs ravisseurs ont été tués, a-t-il précisé. 

"Brusquement, un éclair lumineux"

Les forces spéciales ont été déposées avant l'aube à une dizaine de kilomètres de la base où Somers était détenu, puis ont marché jusqu'à leur objectif, mais ont été découvertes par les ravisseurs à une centaine de mètres de la base.

"L'effet de surprise ayant disparu, un éclair lumineux a brusquement surgi juste après, et nous pensons que c'est alors que [...] les otages se sont fait tirer dessus", a indiqué un responsable du Pentagone voyageant avec Chuck Hagel à Kaboul. "L'un d'eux est décédé en route vers un navire militaire américain et l'autre sur la table d'opération à bord du navire."

Selon le responsable américain voyageant avec Chuck Hagel, des échanges de tirs ont eu lieu pendant cinq à dix minutes, au cours desquelles les commandos américains ont tué au moins cinq rebelles. Il n'y a eu aucune victime côté américain.

Le ministère yéménite de la Défense a fait état de "dix membres d'Al-Qaïda tués" dans l'opération, à laquelle ont participé des forces anti-terroristes yéménites. Ces dernières décomptent quatre membres blessés parmi elles.

Barack Obama a précisé avoir "autorisé cette opération de sauvetage en coopération avec le gouvernement yéménite". Il a dénoncé le "meurtre barbare" de Luke Somers par "les terroristes d'Al-Qaïda" et a exprimé sa compassion à la famille Korkie.

La précédente opération, menée fin novembre par les forces américaines et yéménites, n'avait pas permis la libération de Luke Somers, mais celle de huit autres otages de différentes nationalités.

Korkie attendait d'être libéré

Selon l'ONG sud-africaine, les ravisseurs de Pierre Korkie - qui avait été enlevé en même temps que son épouse Yolande, finalement libérée en janvier 2014 - réclamaient une rançon de trois millions de dollars mais avaient récemment envisagé de réduire leurs prétentions.

"Yolande et sa famille sont psychologiquement d'autant plus anéantis qu'ils savaient que Pierre serait libéré par Al-Qaïda dimanche, a affirmé Gift of the Givers. Je ne peux pas vous dire que les Américains savaient où il se trouvait [...] mais beaucoup de gens savaient qu'il serait libéré", a déclaré le président de l'ONG, Imtiaz Sooliman. "Je suis sûr que [les Américains] devaient savoir" que sa libération était imminente, a-t-il soutenu.

Théorie que Washington a écartée. Un haut responsable du département d'État a réagi en affirmant : "Nous avions déterminé qu'il y avait deux otages à cet endroit, dont Luke Somers. Nous ne savions pas qui était le second otage".

Les États-Unis sont le principal allié du Yémen dans la lutte contre Al-Qaïda, actif dans ce pays pauvre en proie à des violences et à une grave crise politique.

Avec Reuters et AFP