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Désigné comme légataire universel par le collectionneur allemand Cornelius Gurlitt, le musée de Berne a accepté d'accueillir ses œuvres d'art, dont certaines avaient été volées par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

Plus de six mois après le décès de Cornelius Gurlitt, le musée des Beaux-Arts de Berne a finalement décidé d’accepter une partie des œuvres d’art de ce collectionneur controversé. Avant de mourir, cet Allemand de 81 ans, fils d’un marchand d’art au passé trouble sous le régime nazi, avait désigné le musée suisse comme son légataire universel.

Dans le cadre d’une enquête pour fraude fiscale, la police avait découvert en 2012 à son domicile plus de 1 400 tableaux, dessins et sculptures, notamment des œuvres de Canaletto, Courbet, Picasso, Matisse et Toulouse-Lautrec, pour un montant total évalué à un milliard d'euros.

Son père Hildebrand Gurlitt, avait été chargé par Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du IIIe Reich, de vendre à l'étranger les œuvres d'art "dégénéré" saisies, afin d'enrichir l'État allemand. Gurlitt en avait vendu certaines à son profit et en avait indépendamment acheté d’autres à des marchands d'art juifs contraints de s'en séparer.

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Après la guerre, Hildebrand Gurlitt avait convaincu les Américains qu'ayant une grand-mère juive, il avait lui-même été victime de persécutions. Il avait continué à travailler en tant que négociant d'art avant de mourir dans un accident de la route en 1956.

Pendant des décennies, son héritier avait ensuite pu circuler sans encombre entre l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse pour faire le commerce de cette incroyable collection. Une fois découvert, il avait finalement accepté début avril de coopérer avec la police allemande pour déterminer si une partie des tableaux qu’il possédait provenait de vols et de pillages commis par les nazis.

Trouver les propriétaires légitimes

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Le décès de Cornelius Gurlitt en mai 2014


Le Musée de Berne a annoncé qu’il s'attèlerait désormais à cette tâche. Le président de la Fondation du Musée, Christoph Schäublin, a en effet assuré lors d’une conférence de presse qu’il travaillerait avec les autorités allemandes pour déterminer quelles sont les œuvres volées en vue de leur restitution aux propriétaires légitimes. L’établissement entend ainsi faire preuve de bonne volonté, alors que le Congrès juif mondial avait averti le musée qu’il s’exposerait à une avalanche de procès s’il acceptait cette collection.

Depuis la découverte du trésor Gurlitt, de nombreux groupes juifs, ainsi que les gouvernements américains et israéliens, ont fait pression sur l'Allemagne afin que soit créé un groupe de travail chargé de dresser un inventaire et de déterminer qui étaient les propriétaires.

Avec AFP et Reuters