
Des opposants au régime du président Mikheïl Saakachvili se sont heurtés à la police, ce mercredi, à Tbilissi, la capitale géorgienne. Ils reprochent notamment au chef de l'État sa mauvaise gestion du conflit avec Moscou en août dernier.
AFP - Des heurts entre policiers et opposants au régime se sont produits mercredi soir à Tbilissi, alors que des tensions politiques et diplomatiques s'accumulent depuis plusieurs semaines dans le pays, déjà en proie la veille à une tentative de mutinerie militaire.
La situation sur les lieux de l'incident est "stable", a assuré mercredi soir à la télévision la vice-ministre de l'Intérieur Eka Zgouladzé. Des manifestants d'opposition avaient tenté auparavant d'entrer de force dans un bâtiment du ministère de l'Intérieur en escaladant une palissade et avaient été repoussés par la police.
"Pour le moment, la situation est stable sur les lieux de l'incident", a-t-elle dit. "La police défendait le bâtiment depuis l'intérieur de la palissade. Ce n'était pas une attaque", a-t-elle déclaré.
Selon elle, 22 protestataires, six policiers et un journaliste de la télévision publique ont été légèrement blessés dans les heurts.
Une dirigeante de l'opposition, Eka Beselia, a déclaré à l'AFP que la police avait fait un "usage excessif de la force". "Lorsque les protestataires se sont approchés du bâtiment, la police a commencé à tirer des balles de caoutchouc", a-t-elle affirmé.
Plusieurs centaines de manifestants étaient présents sur les lieux, d'après les images diffusées par la télévision géorgienne.
Des policiers anti-émeute ont été montrés faisant usage de leurs matraques à l'encontre des manifestants alors que ceux-ci tentaient d'escalader la clôture. Ces derniers leur ont en retour lancé des pierres et des bâtons.
"Quelques personnes ont grimpé sur la clôture et il y a eu des heurts avec la police", a indiqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur, Chota Outiachvili, ajoutant que "plusieurs personnes ont été arrêtées".
Le porte-parole a expliqué que les manifestants exigeaient la libération de trois de leurs partisans arrêtés la veille et qui seraient détenus dans ce bâtiment. Ils étaient soupçonnés d'avoir agressé un journaliste de la télévision publique géorgienne.
M. Outiachvili a précisé par la suite que les manifestants se trouvaient toujours à l'extérieur du bâtiment, mais n'essayaient plus d'y rentrer de force. Selon lui, la police a fait preuve "de la plus grande retenue" lors de l'incident.
Il a par ailleurs démenti l'arrestation du leader d'opposition Levan Gatchetchiladzé, rapportée auparavant par la chaîne de télévision pro-opposition Maestro, ainsi que l'utilisation par les forces de l'ordre de balles en caoutchouc.
"Il n'a nullement été fait usage de balles en caoutchouc", a-t-il dit, ajoutant: "Nous pensons que personne n'a été sérieusement blessé".
Les partisans de l'opposition multiplient les actions à Tbilissi depuis le 9 avril pour exiger la démission du président Mikheïl Saakachvili, mais la mobilisation avait fortement chuté ces derniers temps.
L'opposition reproche au chef de l'Etat sa mauvaise gestion du conflit armé avec la Russie en août dernier et l'accuse de dérive autoritaire depuis son arrivée au pouvoir à l'issue d'une révolution pro-occidentale en 2003. Le président de son côté a suggéré que le mouvement de protestation était soutenu par la Russie.