
Gendre du président tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali, Slim Chiboub s’apprête à rentrer en Tunisie, mardi, après quatre ans d'absence. La justice l'attend à son arrivée et son retour s'annonce déjà mouvementé.
Il y a quelques jours, Slim Chiboub annonçait dans une interview au magazine "Jeune Afrique" qu’il avait l’intention de regagner son pays "probablement mardi 18 novembre". Lundi, sur l’antenne d’Express FM, le gendre du président tunisien déchu Zine el-Abdidine Ben Ali a confirmé sa décision : "Je tiendrai à ma parole comme je l’ai annoncé (…) Je serai à Tunis entre 9 h et 9 h 30."
L’homme d’affaires, ex-président de l’Espérance sportive de Tunis (EST) puis président du Comité national olympique tunisien s’était installé aux Émirats arabes unis en janvier 2011. Il a été condamné par contumace en Tunisie à cinq ans de prison pour détention illégale d’arme à feu. C’est pour "contester ce jugement" qu’il affirme rentrer dans son pays. L’occasion pourrait lui être donnée dès sa descente de l’avion à l’aéroport de Tunis-Carthage, où il s’attend à être arrêté pour être conduit devant la justice. Il devrait en outre présenter aux autorités son passeport périmé, le ministère de l'Intérieur ayant, selon lui, refusé son renouvellement.
Un retour politique ?
En Tunisie, le retour de Slim Chiboub suscite de nombreuses questions. L’homme dit n'avoir eu que "très rarement" des contacts avec son beau-père : "Nous n'avions plus de relations depuis 2002. J'ai eu à le recontacter après le 14 janvier 2011, mais aujourd'hui nous ne sommes plus en lien", a-t-il indiqué. En fait, c'est surtout le timing de ce retour qui fait polémique, à quelques jours de l'élection présidentielle, prévue dimanche. Certains, comme Slim Riahi, président de l’Union patriotique libre (UPL), parlent d’un retour arrangé avec le parti Nidaa Tounès, alors que d’anciens responsables sous Ben Ali font un retour en force sur la scène politique tunisienne. Le 26 octobre, la formation anti-islamiste, qui compte de nombreux proches de l’ancien régime dans ses rangs, a remporté les élections législatives.
Sur Express FM, Slim Chiboub s’est défendu. Il a expliqué avoir entamé les procédures pour son retour depuis bien longtemps et ne pas vouloir s’impliquer en politique : "Je n’ai aucune relation avec des partis politiques. J’ai commencé les procédures d’appel avant les élections et c’est le tribunal qui a fixé cette date." À "Jeune Afrique", le chef d'entreprise expliquait il y a quelques jours : "Je vais essayer de tourner la page du passé pour vivre sereinement avec ma famille, dans ma société. J'ai des dossiers à clôturer avec la justice et encore une fois j'ai confiance. J'accepterai les décisions de la justice démocratique tunisienne."
Partisans et détracteurs de Slim Chiboub devraient se retrouver à l’aéroport, mardi. "Un groupe de supporters de l’EST a prévu d’accueillir en grande pompe l’ancien président du club", rapporte le site d’information tunisien Kapitalis, qui ajoute que "beaucoup d’autres citoyens vont être présents à l’aéroport de Tunis-Carthage pour dénoncer son retour". Sur Express FM, Slim Chiboub a appelé ses sympathisants à ne pas brandir des slogans politiques et ne pas répondre aux provocations. Il les a aussi exhortés de ne pas se rendre au tribunal pour le soutenir. "La justice est indépendante et les magistrats ne seront pas influencés de toutes façon par la foule", a-t-il dit.