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Après deux mois de trêve fragile, l'Ukraine dit se préparer "au combat" en réaction à une concentration de troupes russes dans l'est séparatiste du pays, confirmée par l'Otan. La crainte d’une nouvelle guerre ouverte refait surface.

Pour la première fois depuis la trêve du 5 septembre, l'Otan a confirmé mercredi 12 novembre l'entrée de convois militaires russes dans l'est de l'Ukraine. Le commandant en chef des forces alliées de l'Otan en Europe, Philip Breedlove, a affirmé avoir vu ces deux derniers jours "des colonnes d'équipements russes, des chars russes, des systèmes de défense antiaérienne russes, de l'artillerie russe et des troupes de combat russes entrant en Ukraine".

Des affirmations immédiatement niées par la Russie, qui dénonce des "accusations sans fondement", selon le porte-parole du ministère de la Défense russe, et qui n’ont "jamais été et ne sont appuyées par aucun fait", selon Moscou. La Russie dément vigoureusement depuis le début du conflit toute implication dans les violences embrasant des régions orientales ukrainiennes et ayant fait plus de 4 000 morts depuis la mi-avril.

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Renforcements militaires dans l’est de l'Ukraine

En parallèle à ces accusations, le gouvernement ukrainien a annoncé mercredi le renforcement de la sécurité autour de Marioupol, port stratégique que les rebelles avaient désigné comme étant leur prochaine cible, mais aussi autour des installations stratégiques telles que les centrales nucléaires et les gazoducs.

"Nous observons un renforcement de la part des groupes terroristes [les insurgés dans la terminologie de Kiev, NDLR] ainsi que de la part de la Russie (...) Nous nous attendons à des agissements imprévisibles de leur part", a déclaré le ministre de la Défense ukrainien Stepan Poltorak. "Notre principale tâche est de nous préparer au combat", a-t-il annoncé.

Selon un porte-parole militaire ukrainien, des mouvements de convois militaires ont été observés près de Novoazovsk, ville proche de Marioupol, et qui pourrait servir de base à une éventuelle offensive des insurgés sur ce port.

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L’ONU redoute un "retour à une guerre totale"

Face à cette escalade militaire, le Conseil de sécurité de l'ONU s’est réuni d’urgence mercredi à la demande des États-Unis pour examiner les accusations d’incursions militaires russes. Le secrétaire général adjoint aux Affaires politiques, Jens Anders Toyberg-Frandzen, s’est avoué "très inquiet du risque d’un retour à une guerre totale". Le diplomate n’hésite pas à évoquer parmi les scénarios possibles "un conflit gelé et persistant qui maintiendrait le statu quo dans le sud-est de l'Ukraine pendant les années ou les décennies à venir".

Du côté de l’OSCE, où 261 observateurs internationaux tentent de faire respecter l'application du cessez-le-feu, le secrétaire général Lamberto Zannier a reconnu que celui-ci était de plus en plus virtuel, jugeant que l'afflux d'armes dans les zones rebelles pouvait "mener à une confrontation plus ouverte". Pour sa part, le conseil des ministres des Affaires étrangères européens ne prévoit pas de nouvelles sanctions malgré la confusion dans l’est de l’Ukraine.

Affrontements à Donestsk

Dans le même temps, de violents tirs d'artillerie plus nourris que ces derniers jours ont visé les positions des rebelles pro-russes à Donetsk. L'origine des tirs n'a pu être établie de manière précise mais les pilonnages d'artillerie sont presque quotidiens autour de l'aéroport de Donetsk. Selon l’armée ukrainienne, un soldat a été blessé dans les affrontements.

Le durcissement des combats dans la zone remettent en question le cessez-le-feu signé en septembre à Minsk, en Biélorussie, entre les autorités ukrainiennes et les insurgés. Un accord déjà moribond depuis les violences qui ont suivi les élections tenues dans les zones séparatistes, le 2 novembre.

Avec AFP et Reuters

Tags: Ukraine, Russie, Otan,