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Journée à hauts risques à Jérusalem, au lendemain d'une flambée de violences

Les autorités israéliennes ont renforcé les mesures de sécurité à Jérusalem, jeudi, au lendemain d’une flambée de violences dans la Ville sainte. Les extrémistes juifs ont appelé à une marche vers l'Esplanade des Mosquées.

La tension est vive à Jérusalem, au lendemain d’une journée marquée par une nouvelle flambée de violences. Des des heurts entre Palestiniens et policiers israéliens ont éclaté mercredi 5 novembre sur le site ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées, une nouvelle attaque à la voiture bélier a par ailleurs eu lieu dans la ville, tuant une personne. En soirée, les affrontements se sont poursuivis par intermittence à Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville occupée et annexée par Israël, en proie à des violences depuis plusieurs semaines.

Quelques heures après l’agression à la voiture bélier dans Jérusalem, un Palestinien a foncé sur un groupe de soldats israéliens en Cisjordanie occupée, blessant trois d'entre eux. Sans revendiquer la première attaque, le mouvement islamiste Hamas s'en est félicité, assurant que son auteur, était l'un de ses membres. Toujours est-il que ces actes sont les signes d'une propagation des violences. D'aucuns commencent à parler d’une nouvelle intifada.

"Tant que la violence était contenue à Jérusalem-Est, on se refusait, côté israélien, à mentionner le mot complètement tabou d’intifada", explique Daphné Rousseau, correspondante de France 24. " Juste après cette deuxième attaque à la voiture bélier, le Premier ministre Benjamin Natanyahou a décidé de convoquer une réunion d’urgence. Il faut s’attendre à de nouvelles décisions pour cette journée à valeur de test."

Sécurité renforcée

C’est dans ce contexte que les autorités israéliennes ont renforcé, jeudi 6 novembre, les mesures de sécurité à Jérusalem, d’autant plus que la journée s’annonce très tendue. "De nouveaux heurts sont particulièrement à craindre aujourd’hui puisque des militants nationalistes juifs et ultra-religieux ont appelé à se rendre, en fin d'après-midi, sur le mont du Temple [appelé Esplanade des Mosquées par les musulmans, NDLR] et à essayer d’y prier, ce qui est totalement interdit", poursuit Daphné Rousseau. La journaliste précise qu’il faut s’attendre à voir des dizaines, voire une centaine, de manifestants répondre à cet appel relayé sur les réseaux sociaux.

Certaines voix s’élèvent en Israël pour condamner ces appels qu’ils qualifient de provocation. De son côté, le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a condamné, jeudi, les visites récentes de députés israéliens sur le site, estimant qu'elles ne faisaient qu'envenimer la situation."Il s'agit d'une utilisation politique cynique d'une situation particulièrement complexe et d'un manque d'intelligence [de la part des députés]", a-t-il déclaré.

"Je suis pour une politique intelligente, ni moi ni les membres de mon parti ne nous rendons sur le mont du Temple, nous n'appelons pas non plus à contrôler le mont du Temple", a ajouté le chef de file du parti nationaliste Israël Beiteinou.

Activisme religieux

Ces derniers mois, les activistes juifs, dont le rabbin Yehuda Glick, une figure de la droite ultra-religieuse, grièvement blessé par balles la semaine passée, se sont faits plus bruyants pour obtenir le droit de prier sur l'esplanade. Les musulmans s'alarment de l'éventualité de voir le gouvernement israélien céder à leur pression, même si Benjamin Netanyahou a plusieurs fois affirmé n'avoir aucune intention de changer le statu quo en vigueur sur le site religieux.

Le statut ultra-sensible de l'esplanade des Mosquées, administrée par les autorités religieuses jordaniennes, est une source de tensions permanentes à Jérusalem. Chaque tentative de militants d'extrême droite israéliens d'y organiser une prière provoque des incidents avec les Palestiniens. "Ce lieu est l'endroit ultime où se rencontrent et se confrontent l'islam et le judaïsme, il est même la raison pour laquelle les négociations israélo-palestiniennes n'ont pas abouti jusqu'à maintenant", expliquait récemment à France 24, Charles Enderlin, journaliste spécialiste du conflit israélo-arabe à France télévisions.

Mercredi, après l'incursion de la police israélienne dans la mosquée d’Al-Aqsa, Amman a rappelé son ambassadeur à Tel-Aviv et annoncé son intention de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre ce qu’elle qualifie de "violations" des lieux saints. Un porte-parole gouvernemental cité par l’agence de presse officielle jordanienne Petra a dénoncé "l'escalade sans précédent" des interventions israéliennes sur l’esplanade des Mosquées ces derniers jours.

Avec AFP