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Le projet du barrage de Sivens en sursis

Vendredi, les élus du Tarn se sont réunis pour discuter de l'avenir du barrage de Sivens. Le président du Conseil général a pris "acte de l'impossibilité de poursuivre" le chantier.

Cela fait maintenant cinq jours que Rémi Fraisse, jeune manifestant de 21 ans, est mort, lors d’une manifestation sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn, le  dimanche 26 octobre. Les élus du département se sont réunis vendredi 31 octobre pour discuter de l’avenir de ce projet contesté. Une minute de silence en mémoire de Rémi Fraisse est prévue au début de la réunion.

"Le drame intervenu dans la nuit de samedi à dimanche conduit l'assemblée départementale à prendre acte de l'impossibilité de poursuivre toute activité liée au déroulement du chantier sur le site de Sivens", a déclaré M. Carcenac au terme de la réunion.

Dans un article publié jeudi matin sur son site, le journal local La Dépêche du Midi rappelle que Ben Lefetey, porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, réclame "des annonces claires" de la part du département : " Il faut que la version un du barrage soit abandonnée et qu'un vrai dialogue s'ouvre enfin avec tous les acteurs pour la suite du projet".

Le quotidien précise : "Ben Lefetey espère que le Conseil général s'engagera à ce que "les travaux ne reprennent pas avant la fin de l'année".

Par ailleurs, une centaine de manifestants s’étaient rassemblés dans le calme jeudi matin devant le Conseil général à Albi, peu avant les débats. Ils brandissaient une pancarte "non au barrage de Sivens, oui au moratoire, oui au débat public".

Le département du Tarn, dirigé depuis 23 ans par le socialiste Thierry Carcenac, est maître d'ouvrage de ce barrage. Jusqu'à présent, un seul des 46 conseillers généraux s'est opposé au projet.

Mais la mort de Rémi Fraisse a bouleversé son avancée et mis les élus locaux sous pression. L'enquête privilégie désormais la thèse d'un décès dû à l'explosion d'une grenade offensive lancée par un gendarme. Le projet du barrage est donc remis en question. Dans différentes villes, des personnes ont manifesté, en appelant au président du conseil général : "Carcenac, y'a du sang sur ton barrage".

Contesté localement depuis 2011, le projet de ce barrage était déjà, bien avant le drame de dimanche, un "non sens" et une "stupidité" pour les élus écologistes José Bové et Noël Mamère. Thierry Carcenac a déjà annoncé qu'il envisageait de "suspendre les travaux", mais en aucun cas de façon définitive.

"Raréfaction de l’eau"

Dans une "lettre aux habitants", en septembre, il invoquait "la raréfaction de l'eau" qui oblige à "constituer des réserves". Et l'élu rappelait que les travaux, encadrés par de nombreux gendarmes, avaient "démarré en toute légalité", et que la justice n'avait encore jamais donné raison aux opposants.

Dans un rapport commandé par la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, des ingénieurs ont jugé le projet surdimensionné et coûteux. Plus de huit millions d'euros doivent être dépensés pour la construction de ce barrage-réservoir, destiné à sécuriser l'irrigation des cultures. Avec son plan d'eau de 34 hectares, l'ouvrage permettrait de stocker 1,5 millions de mètres cubes d'eau, l’équivalent de 400 piscines olympiques.

Pendant des mois, avant que la confrontation ne dégénère en affrontements, des opposants avaient multiplié les actions en justice, grèves de la faim, manifestations, occupations des lieux, quitte à vivre perchés dans les arbres. Leur objectif était d’empêcher la destruction de 13 hectares de "zones humides" qui abritaient 94 espèces protégées, selon eux.

Le syndicat des Jeunes agriculteurs du Tarn exige, lui, des "actions fortes" des autorités. Il veut absolument voir "réaliser" ce projet qu'il juge "nécessaire et urgent" pour "assurer la vie économique d'un territoire rural pauvre".

Avec AFP