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Grève générale au Burkina Faso à la veille d'un vote historique

Les syndicats burkinabés ont appelé à une grève générale dans le pays mercredi, au lendemain d’une manifestation sans précédent contre un projet de modification de la Constitution visant à maintenir le président Blaise Compaoré au pouvoir.

Au lendemain d’une journée de manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans les rues de la capitale burkinabé Ouagadougou, les syndicats ont appelé à une journée de grève mercredi 29 octobre pour maintenir la pression sur le président, au pouvoir depuis 27 ans.

En milieu de matinée, mercredi, seules quelques centaines de personnes, dont beaucoup tenaient des drapeaux rouges, s'étaient regroupées dans le centre-ville pour répondre répondu à l'appel des syndicats et de la société civile, regroupés au sein de la Coalition nationale contre la vie chère.

Crainte de nouvelles violences

La crainte reste vive que les violences reprennent. Mardi après-midi, plusieurs centaines de manifestants, dont certains tenaient des barres de fer, se sont opposés durant plus de trois heures aux forces de l'ordre. Aux jets de cailloux des premiers ont répondu les gaz lacrymogènes des seconds, avant que la police et la gendarmerie ne fassent évacuer les lieux. De premières échauffourées s'étaient déjà produites dans la nuit de lundi à mardi.

Alain-Edouard Traoré, le porte-parole du gouvernement, a déclaré à l'issue de cette journée d'affrontements, que ces événements avaient témoigné de la "vitalité de la démocratie burkinabé", même s'il en a dénoncé les débordements.

À l'origine du mouvement de colère des Burkinabés : la révision de l'article 37 de la Constitution, visant à augmenter le nombre possible de mandats présidentiels consécutifs. L'Assemblée nationale doit en décider jeudi 30 octobre.

L’opposition a appelé à un blocage du Parlement ce jour-là. Les écoles et universités ont, de leur côté, annoncé qu’elles resteraient fermées au cours de cette semaine de protestation.

Blaise Compaoré, à la tête de l'État depuis 27 ans

Blaise Compaoré est arrivé au pouvoir à l’âge de 36 ans, à l'occasion d'un coup d’État de 1987 qui a écarté du pouvoir, Thomas Sankara, dont il était autrefois ami.

Depuis 2005, le nombre de mandats présidentiels est limité à deux. L'opposition craint aujourd'hui que le changement constitutionnel envisagé conduise le chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.

Depuis l’annonce de la proposition de révision le 21 octobre, les manifestants ont érigé des barricades et brûlé des pneus. La société civile a demandé que le projet soit abandonné, soulignant que le pays risquait d’être frappé de paralysie si l’amendement était adopté.

Les mouvements d'opposition n'ont pas appelé à de nouvelles actions avant demain.

Avec AFP