logo

Décès du président zambien à Londres

Le président zambien, Michael Sata, 77 ans, est décédé mardi à Londres, où il était hospitalisé. Les interrogations sur la santé du chef d'État étaient nombreuses et il n'était pas réapparu en public depuis son retour de New York en septembre.

Le président zambien Michael Sata, 77 ans, est décédé mardi 28 octobre à Londres, où il était soigné pour une maladie grave depuis une semaine, a annoncé à la radio Roland Msiska, le secrétaire général du gouvernement.

Selon la chaîne privée de télévision Muzi et les sites internet d'informations Zambia Reports et Zambian Watchdog, le chef de l'État est mort à l'hôpital King Edward VII.
"La disparition du président Sata est profondément regrettée. Le pays sera tenu informé des dispositions concernant les obsèques", a ajouté M. Msiska.

La présidence par intérim sera assurée par le vice-président Guy Scott, qui devient ainsi le premier chef d'État blanc en exercice en Afrique sub-saharienne depuis le Sud-Africain Frederik Willem de Klerk en 1994. Le ministre de la Défense, Edgar Lungu, a annoncé que des élections présidentielles seraient organisées d'ici trois mois.

"Moins d’impôts et plus d’argent dans vos poches"

Michael Sata se voulait champion des plus pauvres et pourfendeur de la corruption. Mais son passage au pouvoir depuis près de trois ans a surtout été marqué par des tentations autoritaires.

Catholique, père de huit enfants, Michael Sata se considérait comme un social-démocrate. Ce gros fumeur avait déjà survécu à une attaque cardiaque en 2008.

Proche du président zimbabwéen, Robert Mugabe, il a longtemps inquiété les investisseurs en promettant l'adoption d'une loi faisant passer 25 % du capital des entreprises étrangères aux mains de Zambiens de souche.

Volontiers populiste, il s'était également fait une spécialité de pourfendre les Chinois, très présents en Zambie, notamment dans les mines de cuivre.

En 2011 comme pendant la campagne précédente en 2008, il a promis qu'il transformerait le pays en quatre-vingt-dix jours. "Moins d'impôts et plus d'argent dans vos poches", répétait-on dans ses meetings où affluaient des Zambiens défavorisés et qui voyaient en lui un possible sauveur.

Il avait choisi une Arche de Noé comme symbole et paradait dans les rues juché sur un hors-bord tiré par une remorque sur lequel les Zambiens étaient invités à se réfugier pour échapper à la pauvreté et au sous-développement.

Impliqué dans un combat contre la corruption, Michael Sata a été accusé de s’en servir pour combattre l’opposition et exercer une pression sur certains journalistes.

Entré en politique dans les années 1970, Michael Sata est devenu gouverneur de la capitale zambienne, Lusaka, en 1985.

Juste avant les élections de 2001, il a quitté le Mouvement pour la démocratie multipartite (MMD), qu’il avait rejoint en 1991, pour se présenter sous les couleurs de son propre parti, le Front patriotique (PF), mais n'a obtenu que 3,4 % des voix.

Après deux échecs aux élections de 2006 et 2008, Michael Sata a pris sa revanche en 2011, battant largement le sortant avec 42 % des suffrages contre 35,4 %.

"On ignore toujours la nature de sa maladie"

Michael Sata avait quitté la Zambie le 19 octobre pour être soigné dans la capitale britannique, selon un bref communiqué officiel diffusé à l'époque. Il était accompagné par sa femme et des membres de sa famille. Aucune autre information n'avait été donnée depuis et on ignore toujours la nature de sa maladie.

Les interrogations sur la santé du président étaient nombreuses. En juin, il avait disparu de la vie publique sans explication. On avait dit à l'époque qu'il était soigné en
Israël. En septembre, il n'avait pas prononcé un discours prévu à l'Assemblée générale des Nations unies. On avait dit alors qu'il était tombé malade à son hôtel de New York. Quelques jours auparavant, il avait assisté à l'ouverture de la session parlementaire à Lusaka en lançant, sur le ton de la plaisanterie : "Je ne suis pas mort".

Il n'avait plus été vu en public depuis son retour de New York fin septembre.

Avec AFP et Reuters