
En plus de la guerre contre l’organisation de l’État islamique, le gouvernement du Kurdistan irakien doit faire face à un afflux sans précédent de déplacés irakiens qui viennent s’ajouter aux réfugiés syriens, déjà nombreux sur son territoire.
Les envoyés spéciaux de France 24 se sont rendus à Domiz, dans le plus grand camp de réfugiés d’Irak. Depuis janvier, le site, qui accueille 60 000 Syriens, est saturé. Ces derniers mois, cinq autres camps sont sortis de terre dans la province de Dohuk, dans le nord-ouest du Kurdistan irakien, mais ce n'est pas suffisant. La région doit faire face non seulement à l’arrivée de nouveaux réfugiés syriens mais surtout à l’afflux de déplacés irakiens fuyant l’offensive des jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI).
>> À voir sur France 24 : "Aux côtés des combattants kurdes, en première ligne contre l’EI"
"Il y a toujours plus de gens qui arrivent", explique Liene Veide, responsable de la communication du HCR [Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, NDLR] à Domiz. "Comme vous le savez, ce sont principalement des déplacés internes irakiens, notamment des Yazidis. Ils sont plus de 500 000 donc, au total, la province de Dohuk accueille nettement plus d’un demi-million de personnes."
La majorité des réfugiés et des déplacés ne vivent pas dans des camps. Ils se sont installés là où ils ont pu, notamment dans les villes, comme à Dohuk, où près d’une personne sur deux est réfugiée ou déplacée. De quoi mettre à rude épreuve l’hospitalité des habitants.
Dans la banlieue de Dohuk, une école, qu'a pu visiter l'équipe de France 24, accueille 260 déplacés. Ils viennent pour la plupart de la province de Sinjar, attaquée en août par les jihadistes. "Nous, on veut partir dès qu’il y aura des camps pour nous accueillir", assure Jamal Elias Hussein, un réfugié irakien. "On veut que nos enfants puissent reprendre l’école. Ils vivent dans des écoles mais nous, on veut qu’ils puissent aller à l’école."
Selon l’Unicef, 40 % des écoles de la province sont occupées par des déplacés. Résultat : beaucoup d’élèves n’ont pas pu faire leur rentrée. Débordées, les autorités locales s’en remettent aux agences de l’ONU. Abed Youssef Ahmad, directeur général de l’éducation de la province de Dohuk, lance un appel : "Il faut finir rapidement la construction de nouveaux camps. La seule – et même l’unique – façon de libérer les écoles, c’est de construire de nouveaux camps."
Dans toute la province, 130 000 personnes vivent dans des écoles.