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Grève des pilotes d'Air France : Manuel Valls hausse le ton

Le Premier ministre a vivement critiqué, vendredi, l'attitude des pilotes d'Air France, en grève depuis le 15 septembre. Qualifiant le mouvement d'"insupportable" et d'"irresponsable", Manuel Valls a demandé aux pilotes de reprendre le travail.

"Insupportable." Manuel Valls a haussé le ton, vendredi 26 septembre, à propos de la grève d'Air France, enjoignant une fois de plus les pilotes à arrêter une grève qui s'est poursuivie pour la douzième journée consécutive. "Cette grève est insupportable pour les usagers qui sont gênés dans leurs voyages depuis 12 jours", a-t-il déclamé en marge d’un déplacement à Arras. Et de filer l’anaphore : "Cette grève est insupportable pour l'entreprise Air France qui a été notre préoccupation et qui perd chaque jour entre 15 à 20 millions d'euros. Cette grève est insupportable enfin pour l'activité économique du pays et pour l'image de la France à l'étranger", a martelé le Premier ministre.

Manuel Valls s'en est pris à l'"attitude égoïste" des pilotes grévistes, les appelant à accepter la dernière proposition de la direction et à abandonner leur revendication d'un contrat de travail unique entre Air France et Transavia. Cette demande "ne peut pas aboutir" car elle est "contraire" aux conditions de développement du low-cost, selon Manuel Valls.
"Nous avons laissé le dialogue s'instaurer et se poursuivre dans des conditions difficiles. Mais nous le disons très clairement, une nouvelle fois, cette grève doit s'arrêter", a déclaré le Premier ministre, en réponse à une question sur sa position sur le conflit qui n'avait pas trouvé d'issue vendredi en fin de journée.
La direction d'Air France a annoncé le même jour avoir proposé aux syndicats de pilotes en grève un protocole "de sortie de crise" sur la base inchangée de son projet de développement de sa filiale à bas coûts Transavia France. "La direction a fait des concessions", a plaidé Manuel Valls, rappelant le retrait du projet Transavia Europe et soutenant le projet "essentiel" qu'est selon lui Transavia France. La dernière proposition de la direction "reste de nature à mettre fin à cette grève coûteuse et dommageable pour le pays", a estimé le chef du gouvernement.
Le préavis de grève court jusqu'au 30 septembre
L'attitude des pilotes est "irresponsable", a encore critiqué Manuel Valls. "Un mouvement purement corporatiste ne peut pas, par son refus de tout compromis, mettre en péril une entreprise comme Air France", a-t-il asséné. "Il faut reprendre le travail, il ne faut pas prendre en otage Air France, ses personnels et ses usagers", a encore dit le Premier ministre.
Les pilotes craignent de voir leur statut Air France (avantages au comité d'entreprise, couverture santé, temps de récupération plus longs) fondre au profit de celui proposé chez Transavia, moins avantageux.

"Aucun pilote d'Air France n'acceptera de partir chez Transavia si on lui impose la conclusion d'un nouveau contrat de travail Transavia", répondaient jusqu'à présent les syndicats, qui souhaitaient obtenir des garanties sur ce point avant de lever leur préavis de grève. Celui du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) court jusqu'à mardi 30 septembre inclus. Le Spaf, deuxième syndicat représentatif, s'est aligné vendredi sur cette date, accusant la direction d'être "responsable du pourrissement de la situation". Le SNPL a également conditionné l'arrêt de la grève à la nomination d'un médiateur.

Samedi 27 septembre, la compagnie a prévu d'assurer plus d'un vol sur deux, une légère amélioration par rapport à la veille (48 %). Vendredi, les taux d'annulation restent très élevés à Marseille (85 %), Toulouse (84 %) et Nice (69 %), contrairement à Rennes (25 %). À Roissy, l'impact de la grève est "conforme aux prévisions", avec "près de 50 % de vols annulés", selon une source aéroportuaire, qui évoque un chiffre inférieur (47 %) pour Orly.

Comme depuis le 15 septembre, au premier jour de la mobilisation, les grévistes resteront majoritaires samedi, à 57 % selon les chiffres communiqués par l'entreprise. Même en cas de sortie de crise rapide, le retour à la normale dans les aéroports ne s'effectuerait pas avant deux ou trois jours.

Avec AFP