logo

Le mouvement de grève, entamé le 15 septembre chez Air France, devrait s'accentuer mardi, avec six vols sur dix annulés, selon la direction. Les pilotes protestent contre les conditions de développement de la compagnie à bas coût Transavia.

La grève du syndicat de pilotes d’Air France devrait s'intensifier mardi. La direction de la compagnie aérienne prévoit de maintenir 40 % des vols, a précisé lors d'un point-presse Catherine Jude, directrice du Centre de contrôle des opérations. En cause : la mise au repos forcée de certains pilotes volontaires appelés en renfort lundi.

Au premier jour de la grève, lundi, 48 % de vols de la compagnie étaient assurés, en accord avec les prévisions. À la mi-journée, l'envoyé spécial de France 24 à l'aéroport de Roissy, Karim Hakiki, rapportait : "Pour cette première journée de grève, il y a eu un tiers des vols annulés à Roissy, seulement 64 vols à Orly [...] mais trois quarts en province, où c’est un peu plus compliqué."

Les syndicats de pilotes, qui tablaient sur des annulations plus fortes, avaient dès dimanche anticipé une dégradation de la situation à partir de mardi. "Quand la compagnie aura épuisé le réservoir de pilotes de l'encadrement", contraints au repos après avoir été appelés en renfort lundi, "on arrivera au blocage total", avait anticipé, dimanche, Julien Duboz, porte-parole du SPAF, deuxième syndicat.

Lundi matin, le PDG du groupe, Alexandre de Juniac, s'est dit "préoccupé" par les discussions avec les pilotes en grève, faisant état d'un durcissement de leurs positions. Quelques heures plus tard, le syndicat de pilotes a appelé la direction à de "vraies négociations", "aujourd'hui bloquées". Ces échanges ne laissent en rien espérer une issue prochaine au mouvement qui pourrait empirer et atteindre la paralysie mercredi, selon les syndicats.

it
Air France : la grève devrait s'intensifier mardi

Crainte d’une délocalisation des emplois pour les pilotes

Opposée aux conditions de développement de Transavia, la filiale à bas coût du groupe, le SNPL majoritaire, a appelé à une grève reconductible du 15 au 22 septembre, tandis que le SPAF, deuxième syndicat, et Alter, un syndicat non représentatif se sont positionnés pour une grève jusqu'au 18 septembre.

En cause, le nouveau plan stratégique "Perform 2020" qui provoque la colère des syndicats, craignant qu’il n'ouvre la voie à une "délocalisation" des emplois de pilotes et au "dumping social".

De son côté, la compagnie y voit un moyen de croissance déterminant. "L'idée c'est de faire de Transavia un outil de reconquête du marché", face à "une concurrence terrible" des low-cost, a expliqué, dimanche soir, le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac. Il a appelé les pilotes à participer à "un projet magnifique", porteur d'un millier d'emplois en France, dont 250 de pilotes.

Parallèlement au plan de départs volontaires, ouvert en août pour 200 des 3 760 pilotes d'Air France, le groupe entend augmenter la flotte de Transavia dans l'Hexagone. Elle passera ainsi de 14 à 37 avions en cinq ans et ouvrira de nouvelles bases en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrat local. C’est ce point notamment qui fâchent les syndicats. Eux réclament un contrat de travail unique pour l'ensemble des pilotes d'appareils de plus de 100 places au sein des trois compagnies Air France, Transavia et Hop!. Or le groupe rejette cette revendication.

Mais au sein d'Air France, la grève ne fait pas non plus l'unanimité. Elle n'est d'ailleurs pas soutenue soutenue par les syndicats de pilotes de la filiale régionale Hop!. Et elle est critiquée par plusieurs organisations représentatives, toutes catégories confondues.

Les excuses de la compagnie

Pendant ce temps, 7 000 personnes sont mobilisées pour servir les clients d’Air France, d’après la Directrice du Centre de contrôle des opérations. La compagnie leur "présente [ses] excuses", la grève est "pénalisante pour tous", a-t-elle déclaré. Ajoutant qu'elle s'emploie à "faire décoller un maximum d'avions, avec un maximum de clients" et à "s'assurer que les passagers soient bien informés".

Air France réitère son conseil aux passagers qui le peuvent de reporter leur voyage entre le 23 et le 30 septembre. Ceux dont le vol est annulé seront remboursés sans frais et un "dédommagement" (de 250 à 600 euros selon les vols) leur sera versé, précise dans un communiqué la compagnie. Air France affirme avoir envoyé "plus de 600 000 messages" à ses clients.

Avec AFP